Cette ultime année de la vie de Robert Denoël est pour le moins étrange car, s'il vit à l'écart de sa maison d'édition, il en possède les clés et il s'y rend le soir, pour vérifier si tout s'y passe selon ses vœux.
Il est en contact permanent avec elle grâce à René Barjavel et Guy Tosi, promus directeurs littéraires, à Auguste Picq, son directeur commercial, et à Madeleine Collet, sa secrétaire depuis 1932.
Ses rapports avec l'administrateur provisoire sont épisodiques mais existent bien car Maximilien Vox n'a pratiquement aucun pouvoir de décision. C'est un fonctionnaire qui, malgré sa connaissance de l'édition, suit les recommandations de ses directeurs littéraires - c'est-à-dire de Denoël.
La plupart des ouvrages qui sortent de presse sont dus à des écrivains avec lesquels Denoël a passés des contrats précédemment, comme Pierre Albert-Birot, Jacques Baïf, Luc Dietrich, Lanza del Vasto, Jean Proal, Jean Rogissart, ou Elsa Triolet.
Les nouveaux venus, Blaise Cendrars et Henry Miller, sont des recrues de poids mais ce n'est pas Vox qui les a séduits : Denoël avait, dès 1944, noué des relations commerciales avec eux. L'administrateur provisoire aura, au moins, amené deux auteurs rue Amélie, grâce aux relations de son fils résistant : Maurice Clavel et Henri Frenay.
Aussi décevante soit-elle, comme pour la plupart des éditeurs, l'année 1945 appartient aussi à Robert Denoël.
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