Année difficile pour l'éditeur, dont la trésorerie a souffert du départ de Bernard Steele, principal bailleur de sa société.
Des « auteurs-maison » comme Joseph Ageorges, Antonin Artaud, Philippe Amiguet, Jean de Bosschere, Emile Chautard, Jean Follain, Armand Hayet, Louise Hervieu, Albert Paraz, Denis Saurat, ou Marcel Sauvage, lui ont confié leur nouveau livre mais aucun n'atteindra de gros tirages.
Quelques nouveaux romanciers l'ont rejoint : Pierre-Jean Launay, Marie Mauron, Vladimir Pozner, Raymond Queneau, mais il ne pourra les garder longtemps.
Ce sont les ouvrages politiques qui constituent l'essentiel de sa production, y compris deux ouvrages polémiques de Céline, qui renflouent provisoirement ses caisses, mais dont l'un lui vaudra le ressentiment durable des communistes, et l'autre celui des juifs.
La seule bonne nouvelle est le prix Renaudot attribué à Jean Rogissart pour son roman publié tout d'abord dans une petite maison d'édition ardennaise, et qu'il a récupéré opportunément dans des circonstances non éclaircies.
L'Exposition Universelle, sur laquelle il avait fondé de grands espoirs commerciaux, a été une grosse désillusion. Et il a fini par céder à Max Dorian les droits de sa belle revue Le Document, déficitaire depuis l'année précédente.
Comme toujours, c'est à Irène Champigny qu'il confie son embarras au cours de l'automne : « Mes ennuis d’argent entrent dans une phase aiguë. Je suis cette fois débordé et cela menace de durer un mois ou deux encore. L’Exposition est une catastrophe. L’évaluation des recettes actuelles me porte à croire que je perdrai de l’argent sur les catalogues qui devaient m’assurer l’aisance de cet été. Contre toute attente, la vente est dérisoire et il n’y a plus de raison de la voir remonter. Il en est de même pour les livres qui partent avec une lenteur déprimante. »
Entretemps les charges et le prix du papier ont augmenté et il n'a d'autre alternative que de pratiquer le compte d'auteur, ce dont son catalogue porte la trace : « Aussi je suis bien forcé de changer mon activité et de me tourner sans délai vers des éditions publicités. Comme tous mes confrères, je renonce à publier, provisoirement tout au moins, des auteurs sans clientèle déterminée. »
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