Année somptueuse pour les Editions Denoël et Steele qui s’adjugent trois prix littéraires : le Renaudot avec Les Beaux Quartiers d’Aragon, le Femina avec Sangs de Louise Hervieu, et l’Interallié avec Les Chasses de novembre de René Laporte.
Plusieurs romans de qualité : La Longue Nuit de Germaine Beaumont, La Tisane de sarments de Joë Bousquet, Bitru d’Albert Paraz, Un Protestant de Georges Portal.
Des essais remarqués : La Conscience malheureuse de Benjamin Fondane, le Théâtre invisible de Carlos Larronde, les Chroniques de ma vie d'Igor Stravinsky.
Un livre de bibliophilie très curieux : Ombre Lumière de Germain Beauclair, un recueil de photographies de Luc Dietrich : Terre.
Et l'un des plus grands romans du siècle : Mort à crédit de Louis-Ferdinand Céline, mal accueilli par la critique, que Denoël défendra dans une Apologie très discutée.
C’est aussi à la fin de cette année prometteuse que Bernard Steele décide, pour des raisons qui ne sont pas clairement établies, de quitter la rue Amélie, provoquant une crise financière majeure dont Robert Denoël ne se remettra que cinq ans plus tard.
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1. Annonces et « bonnes feuilles »
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On me pardonnera d'évoquer ici le passé du Paraz d'avant Bitru, qui est celui d'un « carambouilleur ». Mais les escrocs d'alors avaient infiniment plus d'esprit que les gouapes d'aujourd'hui. Et Paraz s'est bien servi de son « expérience » à la prison de la Santé pour écrire son premier roman. Est-ce que Denoël connaissait son passé ? Je crois que cela n'avait aucune importance à ses yeux : seul comptait le talent de l'auteur. Et, à ma connaissance, aucun chroniqueur ne rappela ses antécédents lors de la parution de son premier livre. Pourtant, sa faillite frauduleuse lui aura valu, pendant plus de trois mois, un dossier de presse plus impressionnant que celui de ses trois romans publiés chez Denoël.
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