Robert Denoël, éditeur

 

Lectures 40

 

Depuis le départ  de Bernard Steele, en janvier 1937, Robert Denoël est resté seul à la tête d'une société d'édition fragilisée depuis un an par la politique du Front populaire qui a amené plusieurs dévaluations et des charges de plus en plus lourdes.

L'Exposition lui avait valu d'autres dettes : « C’est affreux, rien ne marche, pas d’argent, des ennuis, des ennuis, des ennuis ! » écrit-il, le 6 juillet 1937, à Luc Dietrich. A l'automne rien ne s'est arrangé : « Mes ennuis d’argent entrent dans une phase aiguë. Je suis cette fois débordé et cela menace de durer un mois ou deux encore. L’Exposition est une catastrophe. L’évaluation des recettes actuelles me porte à croire que je perdrai de l’argent sur les catalogues qui devaient m’assurer l’aisance de cet été. Contre toute attente, la vente est dérisoire et il n’y a plus de raison de la voir remonter. » [lettre à Champigny].

Le 7 février 1938 il confie à Dietrich : « J’hésite à prendre un associé, qui me tirerait d’embarras mais m’en causerait de nouveaux. Je me demande s’il ne vaut pas mieux se débattre encore quelques mois et rester seul. » Depuis un mois il a dû se résoudre à confier aux Messageries Hachette la distribution de ses éditions.

Début 1939 il fait paraître une brochure-bilan à l'occasion du dixième anniversaire de sa maison d'édition. C'est un appel à de nouveaux capitaux qui ne sera pas entendu : les menaces de guerre se précisent jusqu'à la mobilisation, début septembre. Durant plusieurs mois, à peu près seul rue Amélie, il publie Notre Combat, une revue patriotique pour le financement de laquelle il s'est adressé à un directeur de banque, qui s'est finalement récusé.

Le 11 mai 1940 Denoël est mobilisé et parcourt, comme des millions d'autres, les routes de France jusqu'à Narbonne. De retour à Paris en juin il trouve sa maison fermée par les Allemands, et un tiers de son stock saisi et pilonné. Le 15 octobre il a obtenu de rouvrir sa maison mais il ne peut guère, faute d'argent pour lancer de nouveaux romans, que remettre en vente des ouvrages anciens, comme les pamphlets de Céline.

En novembre il transforme sa petite société « La Publicité Vivante », au capital minimal de 25 000 francs, en « Nouvelles Editions Françaises » pour y publier des ouvrages favorables aux autorités d'occupation. Le 28 décembre il sollicite un prêt d'un million de francs auprès du Crédit National, sans succès.

L'éditeur entame l'année 1941 sous les pires auspices. Pour éditer en février un nouveau pamphlet de Céline, il doit conclure un partenariat financier avec une dame-écrivain et le proposer dans la petite maison-annexe des N.E.F., 21 rue Amélie, où il publie les libelles sans grandeur de la collection « Les Juifs en France ».

C'est ce mois-là que Denoël mentionne pour la première fois une nouvelle revue dans une lettre à Jean Rogissart :  « Lectures 40, dont vous me parlez, est publié par Jean Fontenoy, que vous connaissez sans doute. C’est surtout une revue littéraire, ainsi que vous aurez pu vous en apercevoir par le contenu. Si vous aviez une bonne nouvelle d’une douzaine de pages, je pourrais sans doute la placer utilement dans un journal de Paris. » Il n'est donc pas encore question pour lui de se charger de sa rédaction.

C'est en effet Fontenoy [1899-1945] qui a lancé le mensuel Lectures 1940 le 25 août 1940, avec l'appui financier de son ami Otto Abetz. Dès le mois suivant il fusionne avec La Vie nationale, un « organe d'émancipation populaire française » dont l'adresse, rue des Pyramides, est celle du P.P.F. de Jacques Doriot, pour former La Vie nationale et Lectures 1940, jusqu'au 10 janvier 1941. Entre le 25 janvier et le 25 mai 1941 Lectures 40, devenu « Le magazine universel », poursuit sa route seul mais sans beaucoup de succès.

Le 8 mai 1941 Denoël écrit à Jean Rogissart que, du côté des banques, on le lanterne tout en lui recommandant la patience, mais « D'autre part, je mets sur pied une revue familiale à grand tirage, pour une société assez puissante. Ce serait une chance pour nous tous, si j’aboutissais. »

Le 19 mai il ajoute : « j’ai été débordé ces jours-ci par l’étude de cette revue dont je vous ai dit un mot déjà. Les choses se précisent. Il est probable que j’aboutirai dans quelques jours. Ce sera une première étape vers la solution de mes difficultés. Je devais avoir ces jours-ci un accord qui se trouve, pour des raisons obscures, retardé encore de plusieurs semaines. On vit de patience ! »

Deux jours plus tard il annonce au même : « ma revue prend corps. Je voudrais voir votre nom au sommaire du 2ème numéro. Page folklore. Il faudrait m’envoyer d’ici une dizaine de jours un article de 150 à 200 lignes divisé en quatre ou cinq paragraphes, sur les coutumes d’Ardenne. Je vais demander la même chose à plusieurs écrivains. Dupé me donne le Marais, Colette la Bourgogne, Dietrich la Franche-Comté etc... Ce sera " honoré " convenablement : 300 francs. Mon budget n’est pas énorme. »

Le 9 juin il écrit à Jean Proal : « Je dirige un journal littéraire dont le premier numéro paraît le 15. La librairie va connaître bientôt un essor magnifique.»

Le même jour il remercie Rogissart pour son article sur l'Ardenne et lui annonce : « Vous allez recevoir à la fin de cette semaine, le premier numéro de Lectures 40. C’est un numéro un peu improvisé. Il a fallu créer les cadres, trouver la copie, les collaborateurs en l’espace de quinze jours. Le second numéro sera meilleur. [...] La direction littéraire de Lectures 40 est la première étape vers la solution définitive de mes difficultés. Un mois encore et ce sera fini, je pense. »

La « seconde étape », qui sera évoquée ailleurs, est la rencontre avec l'éditeur berlinois Wilhelm Andermann, qui lui a proposé une participation dans sa société d'édition et dont le contrat sera signé le 22 juillet.

Le premier numéro de Lectures 40 « nouvelle formule » paraît le dimanche 15 juin 1941. Si sa rédaction est domiciliée au siège des Editions Denoël, 19 rue Amélie, l'administration et la publicité se trouvent au 38 rue Jean-Mermoz, dans le VIIIe arrondissement. Cette adresse est celle de la S.E.M.P., la Société d'Editions Modernes Parisiennes qui appartient au groupe L'Oréal.

Cette société anonyme [R.C. Seine 165.474 B] au capital de 500 000 francs, qui publie plusieurs hebdomadaires destinés aux dames, comme Votre beauté, a pour gérant M.-E. Lefort et pour rédacteur en chef le Belge Lucien François dont Denoël est sur le point de publier un roman : Remise à neuf.

Lectures 40 (gérant : M.-E. Lefort, celui de Votre beauté) appartient donc à Eugène Schueller, dont Denoël publie au même moment La Révolution de l'économie, que la S.E.M.P. rééditera peu après. En septembre 1940 Schueller a créé avec Eugène Deloncle [20 juin 1890 - Paris 7 janvier 1944], et avec l'appui d'Otto Abetz, le Mouvement Social Révolutionnaire [MSR], qui fusionne, le 15 février 1941, avec le Rassemblement national populaire [RNP] de Marcel Déat. L'idéologie de ce « magazine universel » qui paraît le 1er et le 15 de chaque mois, est donc clairement collaborationniste.

    

Ce numéro initial est composé d'une couverture en couleurs de Marie Laurencin et de 32 pages in-4 illustrées de photos en noir et blanc. Aucun texte d'ouverture : la revue poursuit simplement sa publication. Aucun nom de rédacteur en chef ou même de collaborateurs : seuls comptent les signataires des articles. Tous les numéros connus comporteront le même nombre de pages et seront vendus 3 francs. L'abonnement d'un an est de 65 francs. La plupart des illustrations sont dues à Hervé Baille.

    

Lectures 40,  nouvelle série,  n° 1,  15 juin 1941

Denoël n'a pas eu trop de mal à recruter des amis et auteurs, comme Lucien Combelle, Lucienne Delforge, Gilbert Dupé, Lucie Porquerol, Paul Vialar ou Pierre Minet. Plus inattendu est le contrat d'exclusivité signé par Georges Simenon pour La Vérité sur Bébé Donge qui sera édité chez Gallimard le 15 décembre 1942 et dont Lectures 40 publiera en prépublication les douze chapitres entre le 15 juin et le 1er décembre 1941.

Chacun des numéros comportera des chroniques non signées consacrées aux prisonniers, aux petits « événements parisiens », aux nouveaux films de cinéma, aux nouvelles pièces de théâtre, et aux livres nouveaux.

Dans les marges trouveront place des annonces pour des ouvrages publiés par Denoël - c'est le but de l'opération - mais essentiellement des romans, sauf justement, dans ce premier numéro où l'on signale la parution des Tribus du cinéma de Lucien Rebatet. Les éditeurs parisiens comme Stock, Gallimard, Plon, y publient d'emblée des encarts publicitaires.

Robert Denoël profite des moindres espaces pour rappeler que sa librairie de l'avenue La Bourdonnais, qui a perdu de son charme en troquant ses « Trois Magots » contre l'appellation « Librairie Générale », propose tous les ouvrages nouvellement parus. Son nouveau gérant s'appelle Jean Moreau.

 

Le n° 2, paru le mardi 1er juillet 1941, est illustré en couverture par Louis Touchagues. Le Registre de commerce lui a attribué un nouveau numéro d'agréation [266-476 B].

    

Lectures 40, nouvelle série,  n° 2,  1er juillet 1941

Léon-Paul Fargue inaugure, dans ce numéro, une chronique nouvelle : « La Quinzaine astrologique », qui se poursuivra jusqu'à la fin de l'année, et dont chacune des pages est illustrée de dessins de Roger Wild.

Le texte de Jean Rogissart a bien été publié, comme prévu, mais écourté, ce dont s'excuse l'éditeur, le 26 juin : « Il serait dommage de perdre des pages supprimées, c’est pour cela que je vous les retourne, pour le cas où vous n’auriez pas le double. Gardez ce texte soigneusement, il est de premier ordre et un jour ou l’autre, ce qui n’a pas servi à Lectures 40 pourra trouver sa place dans un essai peut-être plus poussé, que vous écrirez sans doute sur notre petite patrie. »

D'autre part la censure est vigilante : « Le 2ème numéro de Lectures 40 a encore été bien malmené par la censure et il a encore les défauts de l’improvisation. Il faudra que nous ayons publié trois ou quatre numéros encore pour arriver à la formule définitive. »

Sur le plan commercial : « pour l’ensemble de la France les résultats sont extrêmement encourageants, quoique fort variables. Dans certaines villes, tous les exemplaires ont été vendus et on a réclamé d’autres exemplaires, dans d’autres au contraire la vente a boudé. Je pense que le réglage se fera dans quelques semaines et que nous arriverons bientôt à un tirage honorable. »

Il a des vues précises quant à la suite de cette publication : « Je veux que Lectures 40 soit pour mon équipe un précieux instrument de publicité : je compte y faire connaître d’une façon systématique tous mes auteurs. Déjà le premier numéro a porté ses fruits à cet égard. Si j’obtiens des propriétaires et des autorités la publication hebdomadaire, ce sera pour la maison un levier magnifique. Car ce qui sera apprécié dans ma revue le sera ailleurs. Les collaborations seront sollicitées par les concurrents etc... C’est un travail énorme pour le moment, parce que nous n’avons pas de " copie " d’avance : cela viendra vite mais je compte encore deux mois avant d’être en parfait ordre de marche. »

Dans la chronique des livres un certain Jean Roland a rendu compte de trois ouvrages signés Béraud [Qu'as-tu fait de ta jeunesse ?], Blond [L'Angleterre en guerre] et Brasillach [Notre avant-guerre], ce qui permet l'insertion d'un beau « bandeau » de Ralph Soupault :

 

Le n° 3, paru le mardi 15 juillet 1941, est illustré en couverture par Françoise Estachy.

    

Il fallait bien, à un moment ou un autre, rendre hommage au bailleur de la revue. C'est chose faite ici sous le titre : « Quand la prospérité reviendra ». L'Oréal, c'est lui, Monsavon, c'est encore lui, Votre Beauté c'est toujours lui... Mais il s'agit surtout de signaler la parution chez Denoël de l'ouvrage d'Eugène Schueller : La Révolution de l'économie qui sera un « best-seller » durant l'Occupation. Il faudra aussi lui réserver, à dater de ce numéro, quelques emplacements choisis pour les annonces publicitaires de sa firme :

      

La plupart des textes littéraires ont été demandés à des auteurs publiés chez Denoël ou en passe de l'être : Irène Français [J'étais une petite fille, en avril 1941], Maurice Percheron [Gamelin, en novembre 1939 et Sur le chemin des dieux, en février 1942], Pierre Devaux [L'Avenir fantastique, en mai 1942], Morvan Lebesque [Jacques Cartier, en mars 1942], Pierre Mac Orlan [Les Français sous les armes, en décembre 1939].

Le n° 4 est paru le vendredi 1er août 1941, avec une couverture illustrée par Gaston de Sainte-Croix. Le nom de Céline fait vendre : il est entièrement consacré à un texte datant de 1928, précédé d'un « chapeau » non signé.

    

Ce sont les auteurs-maison qui occupent à nouveau les pages littéraires : Louis-Ferdinand Céline [Les Beaux draps, février 1941], André Lhote [Peinture d'abord, avril 1942], Gilbert Dupé [La Foire aux femmes, juin 1941], Lucien François [Remise à neuf, octobre 1941].

Le n° 5, paru le vendredi 15 août 1941, possède une couverture illustrée par R. Chazelle.

    

Denoël a réuni ici quatre auteurs prestigieux, le plus inattendu étant Marcel Aymé, qui lui confie le début de son roman Le Passe-muraille, à paraître en avril 1943 chez Gallimard. On trouve au fil des textes plusieurs écrivains et journalistes de renom : Lucienne Delforge, Elisabeth Porquerol, Yves Dartois, Pierre Devaux, Lucien François.

Jean Roland rend compte du nouveau roman de Gilbert Dupé, La Foire aux femmes, et, à cette occasion, l'éditeur publie un encart étonnant  à la gloire du « roman régionaliste » où l'on trouve des volumes dont les auteurs n'auraient pas imaginé d'y figurer au moment de leur publication : Charles Braibant et Jean Rogissart (Ardennes), Jean Proal (Basses-Alpes), les frères Gerriet (Jura), Jules Marouzeau (Limousin), Marie Mauron (Provence), Maurice Mardelle (Touraine), Irène Français (Vosges), Gilbert Dupé (Vendée).

Des impératifs commerciaux et idéologiques ont justifié cette redistribution dans une catégorie à la mode du jour : le retour à la terre prôné par l'Etat français. Céline saura s'en souvenir plus tard pour railler son éditeur : « Denoël ce qui l’a fini, ce qui l’a achevé de faire le con, c’est sa collection des « Provinces », les envoûtés folkloriques, les incarneurs en transe de lieux !... » [D'un Château l'autre, 1957, p. 138].

Le n° 6 est paru le lundi 1er septembre 1941, muni d'une couverture illustrée non signée mais qui doit être de Gaston de Sainte-Croix. Le thème de ce numéro est l'Amérique en guerre.

    

Parmi les nouveaux venus on trouve les noms de Georges Blond, Jeanne Galzy, Gaston Bordat, l'auteur du dossier sur l'Amérique en guerre (et qui publie cette année-là un ouvrage polémique : Les Etats-Unis contre l'Europe), et Roger Wild, qui a troqué son crayon pour un porte-plume. L'éditeur rend compte d'un ouvrage récent sur Napoléon de Jacques Bourgeat, dont il publiera une biographie de Proudhon en 1943.

Denoël annonce un nouveau livre de Jean Proal, à paraître en octobre : Les Arnaud, et un procès en perspective pour l'éditeur Plon, sur le point de publier le premier roman d'un inconnu, Pierre Pirard, qui a choisi pour titre celui du premier livre de Proal : Tempête de printemps.

Le n° 7, paru le lundi 15 septembre 1941, est consacré au divorce. L'illustration de couverture n'est pas signée.

    

Le sujet principal de ce numéro a été confié à Stéphane Pizella [1909-1970], journaliste et homme de radio dont Denoël publiera en mai 1942 Dupetit Thouars, le héros d'Aboukir dans sa collection pour enfants « La Fleur de France ». Pour l'auteur, le divorce est d'essence juive et c'est une loi de 1884 due à Alfred Naquet, « juif de Carpentras », qui a permis la désagrégation de la famille française. Cette loi félonne a été abrogée par un décret du Maréchal le 13 avril 1941.

Parmi les autres chroniqueurs on trouve quatre auteurs Denoël : Marcel Braibant [D'abord la terre, mars 1935], Pierre Devaux [L'Avenir fantastique, mai 1942], Ernest Fornairon [René Madec, le mousse devenu nabab, mars 1942], Jean Rogissart [Les Mamert, avril 1940 et octobre 1942].

Ce dernier avait envoyé à Denoël une nouvelle inédite : « Je retiens " L’Original " pour septembre ou octobre. Excellente nouvelle, ramassée, dramatique, du meilleur Rogissart. Je demande seulement à l’auteur de pouvoir l’appeler " La Fin du diable noir " ou un titre du même genre, plus attirant que celui proposé. » [lettre à Jean Rogissart, 4 août 1941]. C'est ce titre qui a été retenu. Les tarifs ont été améliorés : l'éditeur la lui paie 800 francs.

Le n° 8, paru le mercredi 1er octobre 1941, est illustré en couverture par Gaston de Sainte-Croix.

    

L'enquête principale portant sur le Quartier Latin est signée Marianne de Rocheau, une dame qui écrit des pièces radiophoniques. L'article sur les forêts de France est dû à un romancier plus ou moins historien, Georges Grandjean. Stéphane Pizella publie la deuxième partie de son enquête sur le divorce. L'article consacré à Grey Owl, défenseur amérindien de la nature, est signé d'un inconnu : Jean Miremonde. Une page concernant Roger Vercel est signée Jean Monfisse, pseudonyme de Jean de Cusset, auteur de romans populaires et chansonnier.

La plupart des chroniques ont donc été confiées à des auteurs peu connus du public.

Le n° 9 est paru le mercredi 15 octobre 1941 avec pour sujet principal le marché noir. Je n'ai pas déchiffré la signature de l'illustrateur de la couverture.

   

 

L'article principal a été confié à Albert t'Serstevens [1885-1974], l'oncle de Lucien François dont Denoël publie au même moment un roman. Jean Lasserre [1908-1983] s'est préoccupé du marché noir de l'argent. Le dossier, dû à un Belge et à un Suisse, est bien documenté.

L'écrivain scientifique Victor Forbin [1864-1947] est l'auteur d'un article consacré aux aborigènes d'Australie, Stéphane Pizella publie son troisième et dernier article sur le divorce, et Paul Vialar une nouvelle inédite, « La Tour aux amants ».

  

Le journaliste Pierre Lhoste [1913-1984] publie une interview de Lucien François à l'occasion de la sortie de Remise à neuf, et Denoël annonce opportunément les nouveautés de sa maison.

Le n° 10, sorti le samedi 1er novembre 1941, est illustré d'une couverture due à Gaston de Sainte-Croix.

   

Un long article de Jean Lasserre sur l'art de guérir, un portrait de Pierre Mac Orlan par Marius Richard,  un dossier consacré à Moscou par Maurice Percheron, un article sur la chasse à la baleine dû à Michel Vaucaire [1904-1980], un texte consacré à Henri IV par Jacques Bourgeat, un bel article de Jean-Marc Campagne sur André Dunoyer de Segonzac, et une nouvelle inédite de Georges Blond, agrémentent ce numéro bien diversifié.

Ce qui le singularise est l'apparition de René Barjavel qui consacre un éditorial énergique au droit à la critique :

Le chef de fabrication discret de la rue Amélie se transforme sans préavis en patron de revue qui ne met pas de gants pour fustiger les « petits rois pleins de suffisance » du monde des lettres, du cinéma et du théâtre. Sur un ton sans réplique Barjavel ne donne pas simplement son point de vue, il parle au nom de Lectures 40.

Fallait-il, dès lors, adopter le point de vue de Jean-Claude Vimont qui, dans un mémoire consacré en 2008 aux pamphlets d'épurés incarcérés après la Libération, qualifie René Barjavel de « rédacteur en chef de Lectures 40, périodique étroitement contrôlé par des membres du MSR » ? J'en ai pris le parti.

Le n° 11 est paru le samedi 15 novembre 1941 sous une couverture « japonisante » non signée.

   

Un portrait de Jean de la Hire par Jean Barsa, un article politique de Gaston Bordat sur le Pacifique, la seconde partie de « L'art de guérir » par Jean Lasserre, un reportage de Stéphane Pizella sur le cinéma français, une nouvelle inédite de Morvan Lebesque, une petite chronique des prix Goncourt et Renaudot par Gaston Picard, font de ce numéro un agréable divertissement.

Denoël a veillé à annoncer Les Arnaud, le nouveau roman de Jean Proal qui vient de paraître : l'article est signé Pierre Lhoste. En revanche « Thespis dans les vignes » n'est pas signé et on le regrette car il rend compte d'une initiative originale d'Albert Morys, « meneur de jeu » des Centres de jeunesse de la région parisienne : au cours du mois d'août, renouvelant le « vagabondage » des troupes théâtrales de jadis, la « Compagnie de la Saison Nouvelle » de Jean Dasté a parcouru durant deux semaines l'Oise et la Bourgogne en interprétant des pièces classiques.

René Barjavel a consacré son éditorial à la lecture : « Tout le monde lit. Jamais on n'a tant lu. [...] On mange peu, on lit beaucoup. Les estomacs se rétrécissent. L'esprit, enfin, prend sa revanche. »

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Ici s'achève momentanément le compte rendu de la revue dont la BnF ne possède que les 11 premiers numéros. Est-ce que le 12e est paru le 1er décembre 1941, comme annoncé ? Lectures 40 a-t-il continué de paraître, a-t-il changé de nom ? Je n'ai jusqu'à présent aucune indication à ce sujet, sauf une lettre de Céline à Georges Desse datée du 25 février 1942 : « Le journal de Denoël est mort faute de papier. » [L'Année Céline 2012, p. 93]. En mai 1942 Denoël utilisait toujours des feuilles à son en-tête :

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Lectures 40 dans la presse

 

Voyons comment la presse a accueilli cette revue bi-mensuelle dont le premier numéro parut le 25 août 1940 sous la direction de Jean Fontenoy.

   

    Le Petit Parisien,  29 novembre 1940  et  31 janvier 1941

A cette époque Lectures 40 propose des contes, des histoires, « et tout... et tout... et le reste... » Je suppose qu'il s'agit alors de divertir à tout prix le lecteur, y compris avec des souvenirs « désopilants » de Chez Maxim's. Deux mois plus tard des textes de fond sont proposés, sans grand succès, semble-t-il.

Lorsqu'il annonce la revue « nouvelle formule » dont il a la charge, Denoël veille au contraire à signaler sa diversité intellectuelle, sa « modernité ». Dans la publicité qu'il réserve à la presse de province, dont L'Ouest-Eclair est le meilleur représentant, il prend le temps de détailler le contenu du numéro à paraître :

Ouest-Eclair,  14 juin 1941

A Paris, il concentre ses annonces dans un quotidien qui tire à plus de 900 000 exemplaires, Le Petit Parisien :

   

Le Petit Parisien,  10 et 11 juin 1941

Lectures 40 fait « peau neuve » : Georges Simenon a donné son assentiment, et peut-être Céline (mais « est-ce vrai ? » ) Le lendemain on annonce une « grande explication », celle des mobilisés témoignant de l'incurie des cadres militaires français qui ont mené à la débâcle. C'est en effet une chronique qui se poursuivra au cours des quatre premiers numéros. « Neuve et piquante », telle est la définition de la revue qui paraîtra le 15 juin 1941 :

 

Le Petit Parisien,  12 et 14 juin 1941

Curieusement le roman de Simenon, La Vérité sur Bébé Donge, n'est formellement annoncé que dans la presse régionale, comme si l'écrivain avait tardé à donner son accord :

L'Ouest-Eclair (Caen),  14 juin 1941

 

Le deuxième numéro, daté du 1er juillet 1941, est présenté avec sobriété : la revue paraît avoir trouvé sa place auprès du public lettré :

Le Matin,  1er juillet 1941

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Notes sur les chroniques et leurs auteurs

 

Le « produit d'appel » de Lectures 40 « nouvelle formule » est incontestablement le roman de Georges Simenon, La Vérité sur Bébé Donge dont les douze chapitres seront publiés du 15 juin au 1er décembre 1941. L'auteur en avait terminé la rédaction à Vouvant le 7 septembre 1940 et il a confié sa pré-publication au magazine de Schueller. L'édition originale en librairie paraîtra chez Gallimard le 15 décembre 1942.

A la même époque Le Petit Parisien publie en feuilleton [du 15 mai au 23 août 1941] Le Voyageur de la Toussaint avant sa publication en librairie chez Gallimard.

L'enquête « sensationnelle » promise, qui parcourt les quatre premiers numéros s'appelle « La grande explication » : il s'agit de faire comprendre les conditions de la défaite de juin 1940. La « grande déculottée » chère à Céline est mise au jour grâce aux témoignages de militaires qui, pour la plupart, sont prisonniers dans des stalags allemands. C'est aussi une entreprise d'auto-flagellation : officiers et soldats témoignent « à la face du monde » d'une débâcle militaire sans précédent.

Des nouvelles littéraires, des enquêtes diverses, signées parfois de noms prestigieux, font de Lectures 40 un magazine de qualité, muni de couvertures en quadrichromie et illustré de clichés de bonne facture.

Outre les textes « à sensation » qui attirent le chaland, l'ossature d'un magazine est constituée de chroniques que le lecteur retrouve à chaque numéro.

Lectures 40 en propose onze :

* Une chronique intitulée « La grande explication », tout d'abord anonyme puis signée par Morvan Lebesque

* une chronique « Nos prisonniers », tout d'abord anonyme puis signée par Noël B. de La Mort

* Une chronique « Portraits » signée d'auteurs divers

* Une chronique théâtrale due à Morvan Lebesque

* Une chronique de bridge due à Robert Gueneau

* Une chronique littéraire due à Jean Roland

* Une chronique musicale due à Lucienne Delforge

* Une chronique cinématographique due à Elisabeth Porquerol, qui signe aussi des chroniques artistiques

* Une chronique scientifique due à Pierre Devaux

* Une « quinzaine astrologique » due à Léon-Paul Fargue illustrée par Roger Wild [à partir du n° 2]

* Une chronique « Le point de vue de Lectures 40 » due à René Barjavel [à partir du n° 10]

* Morvan Lebesque [1911-1970] : une chronique régulière, « La Grande explication », tout d'abord non signée [n° 1, p. 2], puis revendiquée [n° 2, pp. 21-22], et qui se termine avec le n° 4 [1er août 1941]. La chronique théâtrale lui est due.

* Noel B. de La Mort : romancier et journaliste. J'ignore s'il était responsable de la chronique « Nos prisonniers » à ses débuts mais il l'a signée à partir du n° 5, daté du 15 août 1941.

* Robert Gueneau : auteur de la chronique de bridge, un sport auquel il a consacré trois ouvrages en 1946, 1948 et 1949.

* Jean Roland : la chronique littéraire lui a été dévolue, on ne sait pourquoi. Il est l'auteur de deux ouvrages polémiques : Les Traîtres à la nation et Les Auteurs de notre défaite, parus en 1940 et 1941 aux Editions Nouvelles. Dans la préface du second il écrit : « Je me suis efforcé de présenter une synthèse de la domination juive dans notre pays et dans le monde ».

* Lucienne Delforge [1909-1987] : pianiste de talent, maîtresse de Louis-Ferdinand Céline entre 1935 et 1936, elle assure avec conviction la chronique musicale.

* Elisabeth Porquerol [1905-2008] : journaliste polyvalente à L'Intransigeant, signe les chroniques de cinéma, de musique et de beaux-arts

* Pierre Devaux [1897-1969] : auteur de science-fiction et vulgarisateur scientifique, journaliste aux Nouveaux Temps et à L'Appel. Denoël lui a édité en mai 1942 un ouvrage de vulgarisation scientifique : L'Avenir fantastique.

* Léon-Paul Fargue [1876-1947] : les relations amicales avec Fargue remontent à 1928. Trois ans plus tard Denoël annonçait la réédition de Tancrède dans sa collection « Loin des foules », qui ne parut pas. Mais il publia Charme de Paris, son dernier ouvrage, avec des illustrations de Touchagues, le 10 décembre 1945 - c'est-à-dire une semaine après sa mort.

* Roger Wild [1894-1987], ami du précédent, qui l'a amené rue Amélie. Le 3 février 1943 il signera avec Denoël un contrat pour l'illustration de Scandale aux abysses de Céline, qui ne paraîtra pas.

* René Barjavel [1911-1985], chef de fabrication rue Amélie et probable rédacteur en chef du magazine.

 

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Notes sur les auteurs et leurs contributions

* Marcel Aymé [1902-1967]. Une nouvelle inédite : « Garou-Garou » [n° 5, pp. 18-20]

* Jean de Baroncelli [1914-1998], écrivain et critique de cinéma. Un article : « Camargue, terre noble » [n° 7, pp. 15-18]

* Jean Barsa. Une chronique « Portraits » : « Jean de la Hire, romancier populaire » [n° 11, p. 5]

* André Bellessort [1866-1942], poète, romancier et professeur de lettres. Un article : « Réflexions d'un professeur sur sa profession » [n° 8, pp. 6-7]

* Julien Blanc [1908-1951], romancier parisien. Une nouvelle inédite : « Tempête chez les fous » [n° 3, pp. 18-20]

* Georges Blond [1906-1989], écrivain et journaliste. Une chronique « Portraits » : « Le Docteur [Alexis] Carrel » [n° 6, p. 5] et une nouvelle inédite : « Bérose » illustrée par Pierre Noël [n° 10, pp. 18-20]

* Gaston Bordat, économiste et explorateur. Auteur de L'Esprit continental. Les Etats-Unis contre l'Europe (1943). Deux articles : « L'Amérique et la guerre » [n° 6, pp. 6-9], et « Les Mystères du Pacifique » [n° 11, pp. 6-8]

* Jacques Bourgeat [1888-?], poète et historien. Auteur de Proudhon, père du socialisme français (Denoël, 1943). Deux articles : « Quand Napoléon aimait... » [n° 6, pp. 14-15] et « Henri IV, libérateur et restaurateur de la France » [n° 10, pp. 14-15]

* Marcel Braibant [1886-?], avocat et politicien, frère aîné du romancier Charles Braibant. Auteur de D'abord la terre ! Le Salut par les paysans (Denoël et Steele, 1935). Un article : « Du vin pour les Français » [n° 7, pp. 11-13]

* Jean-Marc Campagne, critique d'art aux Nouveaux Temps et auteur de la préface du catalogue de l'exposition Arno Breker à l'Orangerie (1942). Un article : « André Dunoyer de Segonzac » [n° 10, pp. 16-17]

* Louis-Ferdinand Céline [1894-1961]. Un article illustré par Gaston de Sainte-Croix, « La Médecine chez Ford » [n° 4, pp. 6-9, et n° 5, p. 6]

* Albert Champdor [1904- ?], historien, spécialiste de l'Orient. Auteur de deux ouvrages sur les ruines de Palmyre (1935 et 1953). Un article : « Palmyre la morte. Les tanks aux pieds des ruines » [n° 2, pp. 14-15]

* Madeleine Charnaux [1902-1943], sculpteur puis aviatrice. Epouse Pierre Frondaie en 1922 puis Jean Fontenoy en 1938. Un article : « Que sont devenues les aviatrices ? » [n° 3, pp. 16-17]

* Pierre Chartier, auteur inconnu. Une chronique cinématographique [n° 1, p. 25]

* Paul Colline [1895-1991], pseudonyme de Paul Duard, chansonnier et scénariste. Une chanson : « Tout naturel » [n° 3, p. 3]

* Lucien Combelle [1913-1995], écrivain et journaliste à La Gerbe et à Révolution nationale. Une chronique « Portraits » : « Benoist-Méchin, historien et négociateur » [n° 1, p. 5]

* Yves Dartois [1901-1974], pseudonyme d'Yves Ruelle, auteur de romans policiers et d'aventures. Une nouvelle inédite : « La " Marie-Céleste ", voilier fantôme » [n° 5, pp. 13-14]

* Lucienne Delforge [1909-1987], pianiste. Outre sa chronique musicale, une chronique « Portraits » : « Arthur Honegger » [n° 5, p. 5]

* Pierre Devaux [1897-1969], auteur de science-fiction et vulgarisateur scientifique, journaliste aux Nouveaux Temps et à L'Appel. Huit articles de vulgarisation scientifique : « Les Fantômes devant la science » [n° 2, pp. 18 et 29].- « La Machine ronde a perdu la boule... » [n° 3, p. 15].- « Maisons hantées » [n° 5, p. 22].- « Le Succédané-roi » [n° 6, p. 22].- « Au royaume du truquage » [n° 7, p. 14].- « Voitures et vélos sans essence » [n° 8, p. 18].- « 1805. La Navigation à vapeur portait un coup mortel à l'Angleterre » [n° 9, p. 21].- « Splendeurs et disgrâce du chauffage au bois » [n° 10, p. 21]

* Henri Dimpré [1907-1971], romancier, musicien, peintre et caricaturiste de presse. Un article : « J'ai du bon tabac » [n° 5, pp. 9-11]

* Gilbert Dupé [1900-1986], romancier, nouvelliste, directeur de théâtre. Cinq romans chez Denoël entre 1941 et 1950. Deux nouvelles inédites : « Vendée de sel » [n° 1, p. 10] et « L'Epave » [n° 4, pp. 18-20]

* Victor Forbin [1864-1947], écrivain, journaliste et vulgarisateur scientifique. Un article : « Tous les hommes fossiles ne sont pas morts » [n° 9, pp. 12-13]

* Ernest Fornairon, écrivain et journaliste, secrétaire du groupe « Collaboration » d'Alphonse de Châteaubriant. Figure sur les « listes noires » de la presse clandestine dès janvier 1941. Auteur de René Madec chez Denoël dans la collection pour adolescents « La Fleur de France » (mars 1942). Un article : « Un colonel-forçat [Pierre Coignard] » [n° 7, pp. 19 et 29]

* Irène Français, auteur d'un seul roman : J'étais une petite fille chez Denoël (1941). Une nouvelle inédite : « Le Village englouti » [n° 3, p. 14]

* Lucien François [1894-1983], pseudonyme de Lucien t'Serstevens, poète, romancier, journaliste de mode aux Nouveaux Temps et dans plusieurs hebdomadaires appartenant au groupe L'Oréal d'Eugène Schueller. Auteur de Remise à neuf (Denoël, 1941) et de l'almanach Le Bonheur du jour, dernier ouvrage publié par Denoël aux Editions de la Tour (1945). Un article : « Brévannes, pépinière d'hommes » [n° 4, pp. 15-17]

* Stéphane Galanon, journaliste à Paris-Soir. Un article : « Le Tunnel sous le Mont-Blanc » [n° 5, p. 21]

* Jeanne Galzy [1883-1977], romancière. Une nouvelle : « Eva » [n° 6, pp. 18-20]

* Georges Grandjean, journaliste et romancier populaire, auteur d'Antinéa ou la nouvelle Atlantide (1922), suite médiocre et commerciale (pilonnée) du roman de Pierre Benoit. Un article : « Forêts de France » [n° 8, p. 12]

* Jacques Hébertot [1886-1970], pseudonyme d'André Daviel, poète, journaliste et directeur de théâtre. Une chronique « Portraits » : « Fernand Crommelynck » [n° 7, p. 5]

* Jean Lasserre [1906-?], écrivain et journaliste, auteur de deux ouvrages pour la jeunesse chez Denoël dans la collection « La Fleur de France » (1942). Deux articles : « Marchands d'argent » [n° 9, pp. 9-11] et « Guérir » [n° 10, pp. 6-8 et n° 11, pp. 10-12]

* Morvan Lebesque [1911-1970], auteur dramatique et journaliste, auteur de Jacques Cartier chez Denoël dans la collection « La Fleur de France » (1942). Outre sa chronique théâtrale, un article : « Bretagne ardente » [n° 5, p. 15], une chronique « Portraits » : « Maurice Chevalier » [n° 8, p. 5] et une nouvelle inédite : « Cassandre » illustrée par Roger Wild [n° 11, pp. 18-20]

* Pierre Lhoste [1913-1984], chroniqueur à Paris-Soir durant la guerre, journaliste de radio après la guerre. Une interview de Lucien François, « homme d'action et romancier », dont Remise à neuf vient de paraître [n° 9, p. 22], et un article : « Jean Proal, le romancier de la montagne », dont Les Arnaud vient de sortir de presse [n° 11, p. 22]

* André Lhote [1885-1962], peintre de renom, auteur de quatre ouvrages sur la peinture chez Denoël entre 1933 et 1943. Un article : « Une Académie aux champs » [n° 4, pp. 13-14]

* Pierre Mac Orlan [1882-1970], né Pierre Dumarchey. Le romancier a préfacé dès 1929 deux ouvrages publiés par Denoël et participé à sa revue Notre Combat en décembre 1939 (Les Français sous les armes). Un article : « Villages... » [n° 3, p. 6]

* Roger Malher, journaliste sportif, vulgarisateur scientifique après la guerre. Une chronique « Portraits » : « Jean Borotra, Haut-Commissaire aux Sports » [n° 4, p. 5]

* Pierre Minet [1909-1975], poète, romancier, l'un des initiateurs du « Grand Jeu ». Un article : « Il y a 108 ans un visionnaire, " le Père Enfantin ", inventait le Canal de Suez » [n° 1, pp. 22 et 26]

* Jean Miremonde, journaliste. Deux articles : « Grey Owl, l'ambassadeur des bêtes » [n° 8, pp. 16-17] et  « Vive Sainte Catherine » [n° 11, p. 9]

* Jean Monfisse, pseudonyme de Jean de Cusset, auteur de romans populaires, chansonnier, journaliste à Paris-Midi , Je suis partout, Ciné-Mondial, etc. Un article : « Quand l'aventure frappe à la porte de Roger Vercel » [n° 8, p. 24] et une interview de Paul Vialar, auteur de La Maison sous la mer qui vient de paraître chez Denoël [n° 10, p. 22]

* Henry de Montherlant  [1895-1972]. Un article : « Va-t-on laisser mourir la France ? » [n° 1, pp. 7-9 et 29]

* Paul Morand [1888-1976]. Une nouvelle inédite : « Le Recordman » [n° 2, pp. 6-7]

* Maurice Percheron [1891-1963], auteur de nombreux textes chez Denoël entre 1934 et 1953. Deux articles : « L'Indomptable Ukraine » [n° 3, p. 11] et « Moscou » [n° 10, pp. 9-11]

* Gaston Picard [1892-1962], poète, journaliste et romancier, l'un des fondateurs du Prix Renaudot. Une nouvelle inédite : « La Nouvelle multiplication des pains » [n° 8, pp. 19-21], et quatre articles : « Des thermes de Lutèce à la piscine Molitor » [n° 3, pp. 12-13], « L'Art de partir en vacances » [n° 4, pp. 11-12], « Un Poète maudit [Rimbaud] au programme des lycées » [n° 10, p. 23], « Aux écoutes du " Goncourt " et du " Renaudot " » [n° 11, p. 21]

* Stéphane Pizella [1909-1970], chanteur, acteur, journaliste, auteur de Dupetit Thouars, le héros d'Aboukir chez Denoël dans la collection « La Fleur de France » (1942). Deux articles : « Le Divorce, problème du jour » [n° 7, pp. 6-9, n° 8, pp. 13-15, n° 9, pp.14-15] et « Le Nouveau destin du cinéma français » [n° 11, pp. 13-15]

* Elisabeth Porquerol [1905-2008], née Lucie Pourcherol, journaliste et critique littéraire. Outre ses chroniques artistiques et littéraires, quatre articles : « L'Or de la France est dans cette île [la Martinique] » [n° 1, p. 14], « Que fait-on de notre jeunesse ? » [n° 2, pp. 11-13], « Le Chemin de la vie » [n° 3, pp. 7-8], « Récoltes 41 » [n° 5, pp. 7-8]

* Marius Richard [1900-1961], journaliste. Une chronique « Portraits » : « Pierre Mac Orlan » [n° 10, p. 5]

* Marianne de Rocheau, auteur de pièces radiophoniques en 1939 et 1940. Un article : « Le Nouveau visage du Quartier Latin » [n° 8, pp. 8-11]

* Jean Rogissart [1894-1961], romancier ardennais dont Denoël a publié cinq romans entre 1937 et 1945. Un article : « Mon Ardenne » [n° 2, p. 10] et une nouvelle inédite : « La Fin du diable noir », illustrée par Pierre Noël [n° 7, pp. 20-22]

* Jacques Saint-Germain, journaliste politique. Deux articles : « La France va-t-elle devenir une seconde Roumanie ? Notre sud-ouest regorge de pétrole » [n° 2, p. 8] et : « Quand la prospérité reviendra » [n° 3, p. 10]

* Albert t'Serstevens [1885-1974], poète et romancier belge, oncle de Lucien François. Auteur de René Caillé, découvreur de Tombouctou (1942) chez Denoël dans la collection « La Fleur de France ». Un article : « Disette et marché noir pendant la Révolution de 1793 » [n° 9, pp. 6-8]

* Georges Simenon [1903-1989]. Un roman complet en feuilleton illustré par Laszlo Fircsa : « La Vérité sur Bébé Donge » [n° 1, 15 juin 1941, au n° 12, 1er décembre 1941]

* Michel Vaucaire [1904-1980], poète et chansonnier. Un article : « Pique la baleine » [n° 10, pp. 12-13]

* Denise Verdier. Un article : « Les Koalas » [n° 6, p. 21]

* Paul Vialar [1898-1996], homme de lettres dont Denoël a publié une pièce de théâtre et six romans entre 1939 et 1947. Deux nouvelles inédites : « La Meute » [n° 1, pp. 19-21 et 31] et « La Tour aux amants » [n° 9, pp. 18-20]

* Roger Wild [1894-1987], peintre et dessinateur. Il réalisa en 1943 l'illustration de Scandale aux abysses de Céline, que Denoël ne fit pas paraître. Outre des dessins pour la « quinzaine astrologique » de Léon-Paul Fargue, il a publié un article : « Peut-on décourager la laideur ? » [n° 6, pp. 11-13]

* Guy Zuccarelli : journaliste, franc-maçon, rédacteur en chef des Nouveaux Temps. Une chronique « Portraits » : « Georges Lamirand, Chef de la Jeunesse » [n° 3, p. 5] 

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Lectures 40 est une revue bi-mensuelle « grand public » qui privilégie la littérature et les arts en général et dont les articles ne seront pas reprochés à leurs auteurs à la Libération. Un parfum de « Révolution Nationale » flotte bien au-dessus de l'ensemble mais on n'y trouve aucun texte réellement compromettant.

Deux articles auraient pu prêter à discussion. Celui de Stéphane Pizella consacré au divorce met explicitement en cause les juifs, accusés d'avoir « inventé » cette pratique que l'Etat Français vient précisément d'interdire par une loi du 13 avril 1941. L'article de Jean Lasserre, qui concerne la médecine, aborde la question de « La sauvegarde de la race » mais il s'agit de promouvoir, comme Louise Hervieu dès 1936, le certificat prénuptial comme mesure d'hygiène nationale.