Robert Denoël, éditeur

 

Les Nouvelles Editions Françaises

 

Robert Denoël a fondé les Nouvelles Editions Françaises le 20 novembre 1940, en transformant la dénomination de sa société « La Publicité Vivante », qui datait du 15 octobre 1937.

Il crée cette enseigne un bon mois après la réouverture des Editions Denoël : elle n’est donc pas destinée à remplacer temporairement sa maison fermée par les Allemands du 17 juin au 15 octobre 1940, comme on l’a dit, mais à publier des ouvrages imposés par l’occupant ou des textes qu'il ne souhaite pas voir figurer au catalogue des Editions Denoël.

Les quatre volumes publiés entre novembre 1940 et mars 1941 dans une collection au titre bien compromettant : « Les Juifs en France », ont été vendus à moins de 3.000 exemplaires. Au cours de son procès, en juillet 1945, Denoël dira qu’il a arrêté cette collection après le quatrième volume, « en voyant les mesures prises contre les Juifs ». Le fait est que trois autres titres annoncés au second plat de couverture des quatre premiers n’ont jamais paru.

Pourquoi y publie-t-il aussi Les Beaux Draps ? Auguste Picq, le comptable des Editions Denoël, m'expliquait que le pamphlet de Céline avait servi de « faire-valoir » aux N.E.F. Je suppose que les livres pour enfants de Thornton Burgess, publiés pour la première fois en 1933 par les Editions Denoël et Steele et remis en vente en 1940 avec l’adresse des Nouvelles Editions Françaises, avaient aussi cette fonction, qui était d'obtenir du papier à imprimer.

Les Nouvelles Editions Françaises, domiciliées au 21, rue Amélie, c’est-à-dire dans le bâtiment accolé à celui des Editions Denoël, n’avaient pas d’existence légale : c’est en transformant le « 19 » en « 21 » sur un acte d’association provisoire [cf. Chronologie, 23 janvier 1941] que Denoël, ou Georges Hagopian, son homme d’affaires, entérinent une situation de fait (les volumes étaient bien entreposés à cette adresse) mais sans la notifier au Registre du commerce.

Les rares documents à l’en-tête des N.E.F. que l’on possède portent tous la signature de Robert Denoël. Maurice Bruyneel dit Albert Morys avait bien, en février 1941, signé le prière d’insérer des Beaux Draps avec le titre de « secrétaire général », et Auguste Picq, pris en main les comptes de la société, il n’en demeure pas moins qu’un seul homme a, comme dans toutes ses entreprises, présidé aux destinées des Nouvelles Editions Françaises, et ne s’en est d’ailleurs pas caché à la Libération : Robert Denoël.

 

1940


Burgess (Thornton W.) Les Aventures de Jeannot Lapin. Livre pour enfants.
Burgess (Thornton W.) Les Aventures de Martin le gros ours. Livre pour enfants.
Montandon (George). Comment reconnaître le juif ?  [n° 541]
Querrioux (Dr Fernand). La Médecine et les juifs  [n° 542]

 

1941


Céline (Louis-Ferdinand). Les Beaux Draps  [n° 545]
Pemjean (Lucien). La Presse et les juifs  [n° 543]
Rebatet (Lucien). Les Tribus du cinéma et du théâtre  [n° 544]