Robert Denoël, éditeur

Editions du Feu Follet

 

Créée en mai 1947 par Albert Morys et commanditée par son père, Gustave Bruyneel, cette maison d’édition en remplaça une autre : « Nous avions sabordé les Editions de la Tour qui n’étaient plus viables », écrit Morys, qui déclara officiellement la faillite des Editions de la Tour le 20 janvier 1948.

Son premier livre publié en décembre 1947 était un roman prétendument «traduit de l’américain » : Salauds, signé d’un pseudonyme, Anta Grey.

L’ouvrage, jugé licencieux, fut condamné par le Tribunal correctionnel de Paris, par arrêt du 13 octobre 1949, et saisi : « N'ayant jamais été condamné, je m'en tirai avec une amende », écrit Morys.

Le livre fut à nouveau condamné en 1950, 1953, 1954 et 1955, ce qui doit indiquer que des exemplaires restaient en circulation dans les librairies, à moins qu’il s’agisse de rééditions clandestines.

La Société des Editions du Feu Follet, s.a.r.l. au capital de 50 000 francs divisé en 100 parts de 500 francs et dont le siège social se trouvait au domicile de Gustave Bruyneel, 5 rue Pigalle, fut formée le 25 novembre 1947.

La publication au Journal Officiel du 23-24 décembre 1947 ne mentionne pas les noms de ses actionnaires, mais Morys les a énumérés à mon intention dans une lettre du 31 mars 1983 : Gustave Bruyneel 51 %, Auguste Picq 16 %, Albert Morys 16 %, Gilbert Gérard 16 %, Cécile Denoël 1 %. La société est gérée et administrée par un gérant, Albert Morys.

Les titres des romans publiés montrent assez que Gustave Bruyneel et son fils n’avaient pas fondé une maison d’édition de prestige : il s’agissait, me dit Morys, de gagner un peu d’argent pour faire face aux énormes dépenses engendrées par les multiples procès de Cécile Denoël avec les Editions Domat-Montchrestien.

     

Jeanne Loviton vit bien le parti qu’elle pouvait tirer de cette situation et, dans un mémoire remis le 15 mai 1950 au Procureur général Besson, elle écrivit : « Il ne semble pas qu’on se soit préoccupé ni du passé de Mme Vve Denoël, ni de son existence actuelle, ni du rôle que joue son amant Maurice Bruyneel, avec lequel elle collabore dans une maison d’édition, " Le Feu Follet ", maison spécialisée dans les publications pornographiques ».

L’attaque était injuste mais Morys préféra fermer cette maison compromettante pour Cécile Denoël, et se consacrer aux Editions de la Plaque Tournante, qui avaient d’autres ambitions.

 

1947


Grey (Anta). Salauds [n° 692]

1948


Clarel (Pierre). Mes Folles [n° 693]
Pasdoc de Salkoff (André). Au rythme de mon cœur  [n° 721]

 

1949


Bonmariage (Sylvain). Les Sources du désir [n° 728]
Yanik (Georg). La Victoire de Judas Iscariote [n° 694]

 

1950


Triaire (Marcel). La Femme du chef de gare [n° 695]