Robert Denoël, éditeur

Editions La Plaque Tournante

 

Créée en février 1950 par Cécile Denoël et Albert Morys, cette maison d’édition fonctionne durant près d'un an « en personne physique », au nom et au domicile d'Albert Morys, 5 rue Pigalle, en raison des procès engagés par la veuve de l'éditeur contre Jeanne Loviton.

Le 28 décembre 1950, alors que Cécile Denoël vient de perdre son dernier procès, et que six ouvrages ont déjà vu le jour, formation d’une s.a.r.l. au capital de 200 000 francs, dont la raison sociale est « La Plaque Tournante », n° 63, rue des Dames, dans le 17e arrondissement.

Cécile Denoël possède 150 parts, Jules Barreau [« auxiliaire médical, aucun rapport, autre qu’amical, avec l’édition », écrit Morys], 50 parts. Officiellement la société est gérée par le comte Geoffroy du Réau de la Gaignonnière, un ami homme de lettres qui n’a rien publié.

Morys explique ainsi le choix du nom de la firme : « La Plaque Tournante devait être un tremplin pour l’échange des idées entre les pays dont Cécile pressentait que le rapprochement serait de plus en plus indispensable. »

Entre février et septembre 1950 La Plaque Tournante publie six ouvrages et en annonce un septième pour octobre : Seul à Poulo-Condore, par Bertrand Gayrin, témoignage sur un bagne de Cochinchine.

Bon de souscription pour l'ouvrage non paru de Bertrand Gayrin  (collection  Bruno Batard)

Le livre est resté sur le marbre. Cécile Denoël qui, durant trois ans, a accumulé les accidents de santé, et qui est sur le point de perdre définitivement son dernier procès contre Jeanne Loviton, met alors la maison d'édition en sommeil. « Seul à Poulo-Condore » est paru en avril 1952 dans la collection « Les Œuvres libres » de Fayard.

En octobre 1951, elle renoue avec l'éditeur Wilhelm Andermann. L'ancien associé de Robert Denoël durant la guerre lui a proposé de traduire en français un roman de Horst Mönnich qu'il vient de publier à Munich : Die Autostadt.

Les échanges épistolaires durent jusqu'en avril 1952. Alors que Cécile est en pourparlers avec l'imprimerie Crété de Corbeil et que le titre français « Autopolis » a été retenu, tout s'arrête sans raison apparente, et le livre ne paraît pas.

En septembre 1953 Cécile publie encore deux derniers livres dans une collection dirigée par le sociologue André Varagnac, « Europe Unie », avant de déclarer la faillite de sa société et de quitter définitivement Paris.

Durant sa courte existence, cette petite maison d’édition aura publié un ouvrage fort attachant consacré à l’affaire Seznec, qu’on redécouvre aujourd’hui, et deux livres en faveur de l’Europe unie, ce qui, à cette époque, était assez exceptionnel.

On notera encore que, tant dans cette éphémère entreprise éditoriale que dans la vie, même après son remariage avec Maurice Bruyneel, Cécile Brusson a toujours utilisé le nom de son défunt mari : dès le 2 décembre 1945, elle est devenue Mme Cécile Robert-Denoël ou, plus curieusement, Mme Cécile-Robert Denoël.

 

1950


Ardel (France). Les Deux visages [n° 834]
Asso (Raymond). Le Sixième Evangile [n° 580]
Capy (Marcelle). L’Egypte au cœur du monde [n° 581]
Ferreira de Castro. Les Brebis du Seigneur [n° 584]
Poulaille (Henry). Ils étaient quatre [n° 582]
Seznec (Jane). Notre bagne [n° 583]

 

1953


Bethouart (Général). La Peur du risque et la Communauté Européenne de Défense [n° 586]
Fourastié (Jean) et André Varagnac. Puissance économique et culturelle de l’Europe unie [n° 585]