Robert Denoël, éditeur

Les Editions Denoël

 

La maison d'édition Denoël et Steele s'est transformée officiellement en Editions Denoël le 31 décembre 1936. D'emblée des difficultés de trésorerie se sont posées pour Robert Denoël mais elles remontaient à beaucoup plus loin.

Leurs relations, assura Steele en 1964, se sont détériorées quatre ans après leur association : « peu après les événements du 6 février 1934, nous nous sommes aperçus, Denoël et moi, que nous n'étions plus du tout d'accord. »

Apparemment Bernard Steele avait l'âme à gauche, ce que personne n'avait soupçonné, considérant son statut de fils de famille juive américaine fortunée.

A-t-il réchigné par la suite à investir dans l'affaire ? Dans une lettre du 10 août 1935 à Luc Dietrich, Denoël écrit, à propos de droits impayés : « je me disais que les circonstances s’amélioreraient peut-être et que Steele pourrait le 5 ce que Denoël ne pouvait le 1er. Je sais qu’il n’en a rien été. »

L'avènement du Front Populaire a été, comme pour tous les éditeurs, une calamité. Le 28 août 1936 Denoël écrit à Champigny : « Jamais nous ne fûmes plus pauvres, plus en difficultés [...] j’essaye de sortir des décombres que le Front populaire m’a fait tomber sur la tête. » Son associé, lui, prend quelque distance : « Steele m’interrompt pour m’annoncer son départ pour New York. Il va régler certaines affaires dans ce pays incroyable où il y a encore des affaires, où il y en a même plus que jamais. »

Le 21 septembre il lui écrit encore : « Notre situation est actuellement extrêmement critique sans être entièrement désespérée. Nous n’avons aucune trésorerie ».

C'est le moment que choisit Céline pour assigner son éditeur à cause d'une traite protestée : « Vous savez très bien que je suis occupé à remettre l’affaire sur pied. J’en prends personnellement actif et passif à ma charge, Steele se retire entièrement. Il me semble que, dans ces conditions, votre intérêt est de me donner du temps pour m’acquitter envers vous. [...] Si vous persistez dans votre attitude, vous réussirez simplement à me jeter à terre, sans obtenir un franc. En effet, l’affaire Denoël & Steele est hypothéquée pour 200.000 frs et elle doit 50.000 frs au fisc. » [Lettre de Denoël à Céline, 28 octobre 1936].

Le 9 janvier 1937, alors que Steele a quitté définitivement la rue Amélie, Denoël écrit à Champigny : « Il y a eu du bouleversement depuis votre départ. Disparition de Denoël et Steele qui ont fait place à Denoël, des prix littéraires, de grands progrès. Les Editions seront stabilisées à la rentrée. »

Trois semaines plus tard, il donne quelques précisions à son amie qui séjourne en Nouvelle-Calédonie depuis plusieurs mois et qui s'inquiète pour lui : « En quelques mots, l’année s’était révélée désastreuse : mévente du livre, mévente du Document, difficultés avec Steele, solitude complète plusieurs mois, Cécile à Nice se soignant, pas de vacances et une lutte d’une âpreté sans égale pour subsister. Puis tout s’est lentement arrangé. Cécile est revenue en meilleure santé, Bernard a liquidé ses complexes, nous nous sommes séparés le plus aimablement du monde et je continue seul à mes risques et périls l’affaire des éditions. Les accords étaient à peine signés que j’obtenais trois prix littéraires qui rétablissaient en partie une situation fort triste. Et depuis, les choses ne vont pas trop mal. De plus en plus de travail, mais la certitude d’étaler en deux ans. Vers 39 l’affaire sera assise et je pourrai songer à une vie moins " à hurler ". »

En réalité ses ennuis financiers ne font que commencer. Robert Denoël a beaucoup investi en vue de l'Exposition universelle qui, un mois après son ouverture, se révèle une panne complète : « C’est affreux, rien ne marche, pas d’argent, des ennuis, des ennuis, des ennuis ! Et cela promet de durer quelques semaines encore. », écrit-il à Luc Dietrich, le 6 juillet 1937.

Champigny lui a-t-elle conseillé de vendre l'affaire, déficitaire, et de choisir une formule moins risquée ? « Je pourrais en travaillant pour autrui satisfaire et au-delà mes besoins matériels. Mais je ne suis pas de ceux qui s’accommodent d’un patron. Cela est peut-être profondément regrettable pour moi mais cela est. [...] Vous pensez que je ne vais pas renoncer quand je touche le but, du bout des doigts peut-être, mais il est là. Quant à diminuer mon activité, il n’y faut pas songer : ce serait mourir sur place. Je dois, bien au contraire, la développer. » [31 juillet 1937].

Le 6 août il avoue à Dietrich : « je viens de traverser une période sinistre et ce n’est pas fini. Les événements, taxes, impôts ont déjoué tous mes calculs. L’Exposition est pour moi un désastre. Je n’y récolte que des déboires et très peu d’argent. Aussi pour parer à la situation ai-je entrepris des éditions publicitaires qui soutiendront ma production littéraire strictement limitée à des ouvrages qui me plairont et que je pourrai lancer comme je l’entends. »

A l'automne rien ne s'est arrangé mais, comme toujours, il se montre optimiste avec ses amis : « Je suis à la cave et au grenier, au salon et à la cuisine, en même temps, bien entendu. C’est une gymnastique du genre épuisant mais j’y résiste fort bien. Comme toujours, après avoir touché le fond des pires difficultés, je reprends pied et je pense arriver à un certain équilibre pour la fin de cette année. » [A Luc Dietrich].

Le bilan qu'il dresse pour Champigny est aussi alarmant : « Mes ennuis d’argent entrent dans une phase aiguë. Je suis cette fois débordé et cela menace de durer un mois ou deux encore [...] Comme tous mes confrères, je renonce à publier, provisoirement tout au moins, des auteurs sans clientèle déterminée. »

Ce que Denoël appelle « éditions publicitaires », ce sont des livres publiés aux frais de leurs auteurs, et il devra s'en accommoder jusqu'en 1940, en raison d'une mévente persistance et d'une trésorerie exsangue. Une solution s'offre à lui mais il hésite à l'adopter : « J’hésite à prendre un associé, qui me tirerait d’embarras mais m’en causerait de nouveaux. Je me demande s’il ne vaut pas mieux se débattre encore quelques mois et rester seul. C’est cornélien. », écrit-il à Luc Dietrich, le 7 février 1938.

Des soucis personnels n'ont rien arrangé : « La pauvre Cécile a été fort malade depuis votre départ. Grave angine, dépérissement, neurasthénie. Il y a du mieux, mais ce n’est pas fini. Je ne sais que faire. Cette souffrance régulière – vous connaissez cela – il faut bien du courage pour la supporter. Et Cécile est souvent à bout de forces. »

Denoël tient alors deux succès de librairie avec Bagatelles pour un massacre et Mervale, qui a obtenu le prix Renaudot en décembre, mais ils ne suffisent pas à éponger des dettes persistantes, ni même à payer des droits d'auteur toujours reportés. Jean Rogissart finit par l'assigner en septembre. Et l'éditeur a dû accepter la tutelle des Messageries Hachette, qui distribuent sa production depuis le début de l'année, ce qui signifie dépôts à terme et paiements échelonnés.

En janvier 1939, alors que les menaces de guerre se précisent, Denoël fait paraître discrètement une brochure-bilan : ce texte constitue un appel à des capitaux français pour constituer une société anonyme, et l'éditeur y publie le bilan de l'année précédente :

A l'occasion d'un dixième anniversaire. Les Editions Denoël 1929-1939,  29 janvier 1939

L'éditeur le commente ainsi : « Il résulte de l'examen de ce tableau que le chiffre de vente de livres et de droits s'est élevé, durant l'année 1938, à 3.691.298 fr. 25, ce qui représente une augmentation de 33 % par rapport à l'année précédente. Cette augmentation est particulièrement intéressante à constater si l'on sait d'autre part que la hausse du prix des livres est de l'ordre de 15 % par rapport à 1937. La production des derniers mois de 1938 a été très abondante ; les débuts de 1939 s'annoncent comme particulièrement brillants.

Si l'on enlève du bénéfice de l'année le stock fabriqué, on remarquera que le bénéfice s'élève à Fr. 403.101.45, ce qui représente un peu plus de 11 % du chiffre d'affaires. Il faut remarquer encore que le chiffre d'affaires atteint durant cette année n'est en aucune manière un plafond. L'année 1938 doit être considérée comme une année défavorable. L'exploitation s'est faite avec une trésorerie très limitée, au milieu de l'inquiétude générale. L'édition, en France, a souffert de la situation économique et politique du pays.

Les Editions Denoël, Société à Responsabilité Limitée au Capital de Fr. 365.000, sont sur le point de se transformer en Société Anonyme, avec une forte augmentation de capital. L'actif des Editions Denoël se compose d'un actif moral : réputation solidement établie aussi bien auprès du public que des libraires, firme universellement connue par l'originalité et l'intérêt de ses publications ; et d'un actif matériel qui comporte une installation et des magasins parfaitement au point, un catalogue très nourri, très riche, embrassant les ordres d'activité intellectuelle les plus divers, un stock de livres dont un grand nombre conserve la faveur du public et un ensemble de contrats d'édition qui assurent en outre à la firme des droits importants de traduction, d'adaptation au cinéma et à la radio.

Comme nous le disions plus haut, le déploiement même de l'activité des Editions Denoël commande une augmentation de capital. C'est l'accroissement de la maison qui nécessite une large trésorerie. Cette transformation procurerait à une firme d'éditions en plein essor de magnifiques possibilités de rendement. Elle donnerait son efficacité au plus bel effort qui ait été accompli dans l'édition française depuis dix ans. »

Cette démarche commerciale n'est pas exceptionnelle. La plupart des éditeurs français se débattent alors dans de grosses difficultés de trésorerie. Le 23 décembre 1938 la Société des Editions Bernard Grasset, dont le capital social est fixé depuis neuf ans à 9 500 000 francs, a été contrainte de le revoir à la baisse. De 250 francs, la valeur de l'action est ramenée à 100 francs. Largement majoritaire dans sa société avec 28 800 actions sur 38 000, Bernard Grasset voit son patrimoine tomber de 7 200 000 francs à 2 880 000 francs. En huit ans, compte tenu de l'érosion monétaire, il a perdu les deux tiers de sa fortune.

Le 27 mars 1939 François Dallet, secrétaire de l'éditeur, écrit à Jean Rogissart : « M. Denoël met actuellement la dernière main à la Société dont il vous avait parlé. Comme vous vous en doutez la chose n’a pu se réaliser en quelques jours, et les bruits de guerre de ces derniers temps nous ont encore retardés. » Si ce courrier n'est pas destiné seulement à faire patienter l'écrivain quant à ses droits d'auteur, le projet évoqué n'aboutira pas.

Le 1er septembre 1939, la France mobilise. Denoël, citoyen belge, reste à peu près seul rue Amélie, où aucun volume ne paraîtra avant plusieurs mois : « Evidemment tout mon programme est par terre. Je pense qu’il faudra quelques mois avant que je reprenne une activité à peu près normale, mais je ne désespère cependant pas d’y parvenir. », écrit-il à Jean Rogissart, le 21 septembre.

La semaine suivante il s'en explique davantage à Jean Proal : « Ma maison est en veilleuse : tous les auteurs, ou presque, mobilisés ; le personnel mobilisé ou liquidé. Nous attendons. [...] J’ai de la difficulté à entreprendre quelque chose, faute de finances d’abord, faute de certitude du lendemain ensuite. Je ne sais pas encore si la Belgique ne sera pas menacée sous peu. En ce cas, je devrais tout abandonner. [...] je crains fort que l’on éprouve de sérieuses difficultés à publier autre chose que des brochures de circonstances pendant quelques mois. Tout mon programme d’éditions est remis à une date très ultérieure. » [26 septembre 1939].

L'éditeur se consacre essentiellement à un hebdomadaire patriotique, Notre Combat, dont le premier numéro paraît le 21 septembre. Pour le financer, Denoël a fait appel à un M. Benisti, directeur de la Banque des Pays de l’Europe Centrale, rue de Castiglione. Le banquier renoncera finalement à sa participation.

Denoël est mobilisé le 11 mai 1940. Durant son absence, la maison est administrée par Auguste Picq, le comptable, qui reçoit, le 17 juin, la visite des Allemands, chargés de saisir une partie de son stock, avant d'y apposer les scellés.

Les volumes seront en fait saisis en trois endroits : au siège de la maison d'édition, aux Messageries Hachette, et chez l'imprimeur La Technique du Livre, rue du Moulin-Vert, qui imprime la revue Notre Combat.

Aux deux premières adresses, 91 877 exemplaires de 41 titres sont saisis, pour une valeur de 1 356 635, 50 F, ce qui représente, au prix fort de vente, une somme de 1 728 214 F. A la Technique du Livre, 146 329 exemplaires de Notre Combat sont saisis, représentant 371 578,50 F. Denoël dira que cela représentait près du tiers de son stock existant en 1940.

Au cours du mois d'août Denoël écrit à sa femme : « j'espère rouvrir ma maison le 1er octobre. En attendant, je travaille aux « Trois Magots » avec Collet, Picq et Georges ». Une secrétaire, un comptable et un emballeur : juste de quoi traiter les affaires courantes.

Le 15 octobre les Editions Denoël sont autorisées à poursuivre leurs activités, à la suite d'un « marché » que les autorités allemandes ont passé avec l'éditeur : « il fut mis en demeure de publier autant d’ouvrages allemands ou pro-allemands, qu’il en avait publiés d’anti-allemands, s’il voulait conserver sa liberté. », m'écrivit plus tard Auguste Picq.

Le 12 décembre 1940 Denoël écrit à Rogissart : « Ma maison a été fermée pendant près de quatre mois par les autorités allemandes. Tous les livres concernant la guerre, ou concernant l’Allemagne, ont été saisis et mis au pilon. C’est vous dire que le coup a été très dur pour moi. [...] Je suis en train de négocier actuellement, afin de trouver de nouveaux capitaux, pour repartir au début de l’année prochaine. J’espère y arriver, malgré les difficultés inouïes auxquelles on se heurte pour tout actuellement. »

Le 19 décembre il ajoute : « Rue Amélie, c’est la maison du silence. Toute l’activité d’autrefois a disparu. Les quelques personnes qui travaillent, font des inventaires, chiffrent, établissent le bilan de la catastrophe. Je ne publie rien encore. Tout le monde vit au ralenti. [...] Pour le moment, je négocie en vue d’obtenir des capitaux, les capitaux indispensables à une reprise sérieuse de mon activité : c’est difficile, mais je crois que je vais arriver au résultat voulu dans le courant de janvier. »

Denoël espère bien bénéficier du nouveau décret-loi du 3 décembre 1940 instituant un Comité d'attribution des avances au Crédit National. Ce comité a été créé pour « envisager des avances à des entreprises qui, tout en présentant un intérêt particulier pour la reprise de l'activité économique du pays, ne se trouvent pas en situation d'utiliser les moyens normaux de crédit ».

Le 28 décembre 1940 Denoël adresse au Crédit National une demande de prêt d’un million de francs, offrant en garantie son stock évalué au prix de vente aux libraires à 5 251 691,95 F, soit 45 % du prix de vente au public. Il a fait appuyer sa demande par le député de gauche Gaston Riou [1883-1958], qui connaît personnellement les dirigeants du Crédit National.

Le 9 janvier 1941 Denoël écrit à Evelyne Pollet : « Nous ne pensons pas reprendre l’édition d’une façon régulière avant mars ou avril. [...] Grasset et Plon ont, en effet, sorti quelques ouvrages, mais le succès ne semble pas avoir récompensé leurs efforts. La situation est encore bien trop troublée pour que l’on puisse penser à une reprise normale des affaires de librairie. »

La carte-interzone qu'il envoie peu après à Luc Dietrich laisse entendre que de nouveaux contacts financiers ont été pris : « Je travaille à remettre maison sur pieds. Ai de très sérieux espoirs redressement complet » [27 janvier 1941]. Il l'écrit aussi à Jean Rogissart : « Mes affaires prennent tournure tout doucement. J’ai tout lieu de croire à une solution dans les prochains jours. »

Le 30 mars encore, il croit à une issue heureuse et il écrit à Luc Dietrich : « J’achève en ce moment, par mes propres moyens, un rétablissement douloureux. Et je pense que sous peu, tous mes cauchemars d’argent seront définitivement chassés. »

Les démarches conjointes de Denoël et de Gaston Riou durent depuis trois mois. Un expert du Crédit National a examiné la comptabilité de la société et a rendu un avis favorable, malgré quoi le « Comité d'attribution des avances » trouve précaire la garantie offerte et, « en raison des risques de l'opération, estime que le concours de l'Etat ne pourrait être envisagé en faveur des Editions Denoël que dans un intérêt national et à la demande formelle de la Vice-Présidence du Conseil ».

Le 18 avril 1941 Denoël écrit donc à Matignon une lettre qui devrait être transmise au cabinet du secrétaire général à l'Information, à Vichy.

Le 8 mai 1941 il paraît résigné mais serein : « Au point de vue financier, mes espoirs se confirment mais comme j’ai " affaire " avec une administration, on me recommande la patience. D’autre part, je mets sur pied une revue familiale à grand tirage, pour une société assez puissante. »

Il a en effet noué d'intéressants contacts avec L'Oréal, la firme d'Eugène Schueller, et il met au point la mise en forme de Lectures 40, dont le premier numéro paraîtra le 15 juin. Cela ne règle en rien la situation financière de sa société, qui reste aussi précaire.

A Vichy, on met trois mois à lui répondre. C'est Romain Roussel [1898-1973], romancier et journaliste attaché au ministère de l'Information, qui lui écrira le 9 août que les services de la Vice-Présidence du Conseil ne sont pas qualifiés pour appuyer une telle demande... En réalité il apparaîtra que le Crédit National a refusé le prêt demandé sur avis défavorable du secrétaire général à l'Information, Paul Marion [1899-1954], nommé à ce poste depuis le 23 février.

L'inertie de l'administration française, et peut-être la malveillance de certains de ses cadres, a placé Robert Denoël dans une position intenable, et qui est connue sur la place de Paris. Quand, en avril, dix éditeurs parisiens se sont réunis afin de sauver les Editions Calmann-Lévy, menacées d'aryanisation, il n'a même pas été sollicité.

Denoël a pu vérifier précédemment l'hostilité de l'administration française à son égard. En avril 1940 les services de la Censure et de la Sécurité lui causaient mille désagréments : « mon courrier subit une purge qui varie entre trois semaines et quatre jours [...] on me tient pour suspect. Et cela au point que l'on m'a retiré ma carte de circulation. C'est-à-dire que actuellement je ne peux plus sortir de Paris ! », écrivait-il à sa femme.

C'était d'autant plus incompréhensible qu'à cette époque, il ne publiait que Notre Combat, une revue patriotique à laquelle souscrivaient plusieurs ministères : « Et d'autre part, dans le même moment, un service indépendant de ces Ministères, me brime d'une manière extrêmement pénible, dérange toutes mes affaires, me vaut mille avanies de la part de mes correspondants, s'acharne contre ma vie privée en retardant tes lettres et contre la vie commerciale qui est entièrement bouleversée. »

Sans doute avait-il mis cela sur le compte d'une campagne anti-belge menée en raison de la position neutraliste affichée par le roi des Belges. Un an plus tard, rien ne justifiait plus ces mesures vexatoires.

Pour ne rien arranger, des difficultés d'un autre ordre ont surgi, qui dureront toute l'Occupation : « Hélas ! nos difficultés deviennent tous les jours plus grandes : le papier devient très rare. Je ne peux réimprimer des livres épuisés et recherchés. C’est une catastrophe à laquelle j’essaie de parer de mon mieux. », écrit-il à Jean Rogissart.

Faut-il s'étonner que, dans cette situation inextricable, il ait fait bon accueil à un confrère allemand qui lui proposait un prêt de deux millions de francs ? Au début du mois de juin 1941 Wilhelm Andermann participait, avec d’autres confrères allemands, à la politique de prises de participations dans les maisons d’édition françaises, mise en place par l'occupant. C'est à cette même époque que Fernand Sorlot fut pressé d’accepter une prise d’intérêt allemande dans sa société d’édition.

Le 14 juin Gerhard Heller, dans un compte rendu d’activité du Gruppe Scrifttum pour la période du 7 au 14 juin 1941, écrit que « L’éditeur Wilhelm Andermann, des Editions Zeitgeschichte à Berlin, a mené à Paris des négociations pour une éventuelle participation à des maisons d’édition parisiennes. Il faut s’attendre à ce qu’un accord soit établi avec l’éditeur Denoël. L’éditeur Denoël est un des plus jeunes de sa profession et en même temps l’un des plus capables et des plus actifs. Chez lui ont paru il y a 10 jours les discours d’Hitler pendant la guerre. »

Albert Morys, qui l'a rencontré chez Denoël, le décrit ainsi : « Robert Denoël qui, depuis le départ de Bernard Steele, cherchait un associé-commanditaire, finit par en trouver un. A cette époque, celui-ci ne pouvait être, comme Bernard, israélite et américain ; il n'y avait pas le choix. Mais il eut le bonheur de tomber sur Wilhelm Andermann, éditeur d'art à Munich, ce qui lui permettait de ne pas afficher ses opinions qui, comme celles de beaucoup d'autres Bavarois, ne suivaient guère les thèses du Führer.

Andermann était un homme du métier, absolument charmant et prévenant. Cette association fut, mises à part les gamineries de jeunesse, aussi agréable que celle avec Bernard Steele. Avec Robert il parlait un français teinté de l'accent de Bavière qui rappelait à Cécile le parler chantant de sa grand-mère. Avec elle, il parlait un anglais impeccable. »

Andermann, selon l'imprimeur de Corbeil qui a favorisé la rencontre des deux hommes, avait surtout l'ambition de publier des livres d'art mais Denoël écrira plus tard, assure Fouché (qui ne cite pas sa source), que l'éditeur allemand voulait absorber l'affaire tout entière et qu'il a fallu trois mois de discussions pour arriver à ce qu'il reste minoritaire dans la Société des Editions Denoël.

A ma grande confusion, je dois reconnaître qu'en trente ans, je n'ai entrepris aucune recherche valable à propos de cet éditeur allemand qui fut l'associé de Robert Denoël durant plus de trois ans, et à une époque cruciale pour lui. En attendant des informations que je finirai par trouver avant la fin de cette année, je propose donc celles que fournissent les documents officiels.

Ses premières productions datent de 1922, alors que sa maison d'édition porte la double adresse de Konigstein-im-Taunus et de Leipzig, c'est-à-dire en Saxe, et les dernières de 1973, lorsqu'elle est domicilée à Münich. Durant ces cinquante années d'activité, Andermann n'a pas publié que des livres d'art, et l'adresse de sa maison a été souvent modifiée. En 1925 elle est à Berlin mais conserve une antenne à Leipzig.

A partir de 1930 sa dénomination devient : « Zeitgeschichte Verlag », ce qui en fait un éditeur d'histoire, de politique, et de romans. En 1938 Andermann réédite l'admirable Simplizius Simplizissimus de Grimmelshausen mais aussi un album de photos de Heinrich Hoffman : Mit Hitler in Polen.

A partir de 1939 Andermann publie quantité d'ouvrages relatant les victoires successives de Hitler : Der Sieg in Polen [1939], Kampf um Norwegen [1940], Mit Hitler im Westen [1940], Sieg uber Frankreich [1940], Gegen England [1940].

« Zeitgeschichte Verlag » n'est pas l'éditeur officiel du IIIe Reich : c'est une maison d'édition indépendante qui édite des volumes favorables à son pays, comme Denoël qui, à la même époque, publie La Croisade gammée [1939], Face à l'ennemi [1939], Les Atrocités allemandes en Pologne [1940], et tous les numéros de sa revue Notre Combat.

Comme Denoël, Andermann a troqué sa qualité d'éditeur d'art et de littérature contre celle d'éditeur politique, mais il se trouve du côté des vainqueurs, et c'est ce qui fait toute la différence.

Le 26 juin 1941 Robert Denoël écrit à Jean Rogissart : « La semaine prochaine sera pour moi la semaine décisive, j’ai tout lieu de croire que cela va marcher. »

L'éditeur a demandé à son comptable d'établir un bilan de ses différentes affaires d'édition :

Bilan des Editions Denoël,  15 juin 1941 [document enregistré au greffe du Tribunal de commerce de la Seine sous le n° 311]

Les Nouvelles Editions Françaises figurent modestement dans l' « actif », ce qui se comprend puisque cette société n'existe que depuis quelques mois, mais la librairie « Aux Trois Magots » se révèle un gouffre financier, avec un passif de plus de 200 000 francs. On se demande pourquoi l'éditeur doit autant d'argent aux docteurs Laignel-Lavastine et Laforgue, mais sans doute s'agit-il de comptes en sommeil puisque la Société Psychanalytique de Paris a été dissoute en 1939. Plus surprenants sont les comptes de François Denoël, son frère, et de Lucien Denoël, son père, qui ne sont jamais apparus auparavant dans les affaires de l'éditeur, sauf à titre de prête-nom pour le premier.

Le 22 juillet 1941, un acte est passé entre Robert Denoël et Wilhelm Andermann, demeurant 35 Luetzowstrasse à Berlin, par lequel Denoël cède 380 parts sur les 725 qu'il détient dans la Société « Les Editions Denoël » à Wilhelm Andermann, au prix de 500 F la part, soit 180 000 francs.

Denoël demeure le seul gérant et conserve la direction littéraire et commerciale de la société, comme par le passé. « Toutefois il accepte dès maintenant le contrôle qui sera exercé sur sa gestion par un ou plusieurs mandataires de M. Andermann, désignés par ce dernier. De plus, et jusqu'au remboursement intégral du prêt consenti par Wilhelm Andermann, M. Denoël s'engage à ne prendre aucune décision sociale concernant : le programme de production, l'établissement des bilans, la fixation des dividendes, la remise de gages ou de nantissements, la souscription d'emprunts quelconques, sans avoir obtenu l'accord formal de M. Andermann. »

Robert Denoël recevra, en qualité de seul gérant, un traitement de 10 000 francs par mois. M. Andermann consent à la Société « Les Editions Denoël » un prêt de 2 millions de francs, ce prêt étant ferme pour une durée de 5 années expirant le 31 juillet 1946. « M. Andermann aura la faculté d'exiger le remboursement de ce prêt sur simple lettre recommandée avec accusé de réception valant mise en demeure, adressée au gérant de la société un an au moins avant la date ci-dessus fixée ou un an avant celle que postérieurement à cette date, M. Andermann jugera à propos de fixer. »

Sur le montant du prêt, Andermann touchera par fractions trimestrielles un intérêt de 6 % l'an, pendant toute la durée du prêt. La somme avancée par Andermann sera destinée « à acquitter les dettes de la société vis-à-vis de tiers, à concurrence de 800 000 francs environ, inscrits au bilan de la société joint aux présentes et arrêté au 15 juin 1941 », et le reste sera affecté au fonctionnement de l'exploitation.

Certaines clauses ne laissent pas de surprendre : « M. Robert Denoël s'engage à faire son affaire des créanciers de sa famille ou de ses amis qui figurent au passif de la société pour 223 160 F, afin d'obtenir l'engagement ferme que le remboursement de ces comptes ne soit pas exigé avant le mois d'août 1943. »

Denoël s'engage en outre à ne pas exiger le remboursement de son compte personnel avant que la société ne soit en mesure de distribuer des dividendes d'un minimum de 6 % ; avant qu'elle ait remboursé intégralement le prêt de M. Andermann ; sans avoir obtenu l'autorisation expresse de M. Andermann. En tout état de cause, le compte actuel de Robert Denoël sera bloqué et ne sera pas productif d'intérêt.

Denoël déclare qu'il existe deux nantissements sur le fonds de commerce de sa société au profit des Messageries Hachette « pour avances sur marchandises » versées en 1938. Il assure à ce sujet que le montant des marchandises vendues par les Messageries Hachette « doit dépasser le montant des sommes avancées par celles-ci, ce dont il se fait fort en y apportant sa garantie personnelle. »

« M. Denoël fera diligence pour obtenir des Messageries Hachette un arrêt définitif de compte et la main-levée des nantissements avant le 31 décembre 1941. Dès que cette main-levée sera obtenue, les Editions Denoël donneront à M. Andermann, en garantie du remboursement de son prêt, un nantissement sur le fonds de commerce de la société. »

Une clause essentielle a été inscrite à la fin de ce document, et elle sera funeste à l'éditeur de la rue Amélie : « Les versements des sommes représentant, d'une part, le prix de cession des parts sociales " Editions Denoël "  de M. Denoël à M. Andermann, et d'autre part, le montant du prêt de M. Andermann à la Société des Editions Denoël, interviendront dès que seront obtenues les autorisations de paiements, émanant des autorités compétentes. »

Au terme de ce contrat, les 730 parts sociales de la Société des Editions Denoël, au capital de 365 000 francs, sont ainsi réparties :

* Robert Denoël : 365 parts de 500 F, soit 182 500 F

* Wilhelm Anderman : 360 parts de 500 F, soit 180 000 F

* Pierre Denoël : 2 parts de 500 F, soit 1 000 F

* Max Dorian : 3 parts de 500 F, soit 1 500F

[Acte enregistré le 18 octobre 1941 au greffe du Tribunal de commerce de la Seine sous la cote n° 269]

On note que Denoël signe à deux reprises. La première en tant que gérant, qui représente ses deux prête-noms et pour lesquels il signe par procuration (ce qui sera contesté en 1946 par Dorian). La seconde en tant qu'actionnaire majoritaire.

Avec un tel contrat Denoël a préservé l'essentiel, qui est d'éditer ce qu'il veut, qui il veut, et quand il veut. Sur le plan financier, c'est autre chose. L'éditeur allemand a épinglé, à juste titre, des sommes dues à des « créanciers de sa famille ou de ses amis » (Laignel-Lavastine, Laforgue, Denoël) qui s'élèvent à plus de 200 000 francs.

Il a exigé un nantissement sur son fonds de commerce, ce qui signifie que Denoël doit d'abord apurer son compte déficitaire chez Hachette - ce qui sera fait à la fin de l'année 1942.

En résumé, Robert Denoël se trouve alors dans la situation d'un éditeur indépendant qui, sur le plan financier, doit marcher droit sous peine de désavouer le contrat qui le lie à un confrère allemand.

Dans le domaine de l'édition, Wilhelm Andermann fut un partenaire discret. On ne trouve au catalogue des Editions Denoël que deux publications allemandes reprises de « Zeitgeschichte Verlag » : un Magellan dû à Rudolph Baumgardt [1943] et un roman de Friedrich Schreyvogl : Le Destin frappe à la porte [1944].

L'éditeur allemand a fait confiance à son partenaire qui, dès l'année suivante, publie avec succès des romans de qualité de Luc Dietrich et Dominique Rolin, et surtout un pamphlet à gros tirages de Lucien Rebatet. Dans sa petite maison annexe Denoël a réalisé de bons tirages avec Les Beaux Draps : « On lit un peu en zone nono, on lit beaucoup ici. En zone nono j’ai vendu trois mille exemplaires du dernier Céline, j’en ai vendu trente mille ici. », écrit-il à Luc Dietrich, le 20 septembre 1941.

Dans l'immédiat Denoël doit composer avec l'administration française : « Mes accords sont signés mais le versement des espèces est soumis à des formalités que je n’avais pas prévues » écrit-il à Rogissart, le 29 juillet 1941. En effet, et ces formalités qui vont durer plusieurs mois ne tourneront pas à son avantage.

Le 2 octobre 1941 René Philippon, président du Syndicat des éditeurs, transmet une copie du contrat Andermann-Denoël au ministère des Finances, où son directeur, Jacques Berthoud, s'aperçoit qu'il a été exécuté en dehors des l'Office des Changes. Le lendemain Maurice Couve de Murville, directeur des Finances extérieures et des Changes, adresse à Robert Denoël une lettre pour lui faire savoir qu’il est en infraction avec la législation sur les changes.

Denoël se présente aussitôt au ministère des Finances pour expliquer qu'il a fait appel à des fonds étrangers faute d'en trouver en France et qu'il ne s'est pas adressé au Comité d'organisation du Livre parce que, d'origine belge, il n'est pas en très bons termes avec ses confrères.

Le 18 novembre Couve de Murville s'enquiert auprès du secrétaire d'Etat à la Production industrielle pour savoir s'il y a lieu de déposer une plainte contre l'éditeur. Au terme d'une réunion à la direction des Finances extérieures, on décide de soumettre ce cas au gouvernement pour savoir si on s'y oppose à cette participation allemande.

Le 12 février 1942 Jacques Barnaud, délégué général aux relations économiques franco-allemandes, se dit d'accord pour des poursuites mais ajoute « qu'il serait plus politique de ne pas poursuivre »...

Le 13 février Couve de Murville expose l'affaire au ministre des Finances, Yves Bouthillier. La situation financière précaire de la Société des Editions Denoël a motivé le refus du prêt du Crédit national « après un avis défavorable du secrétaire général à l'Information », Paul Marion. Si le gouvernement refuse de reconnaître le contrat avec Wilhelm Andermann, la maison d'édition Denoël devra fermer.

Il craint des incidents avec les autorités allemandes, sans doute favorables à l'éditeur des Discours d'Hitler, en mai 1941, et Andermann doit avoir de puissants appuis à Berlin. D'autre part, le gouvernement français n'a jamais autorisé une seule participation allemande dans une affaire d'édition française : « Si donc, par crainte d'incident politique, le gouvernement décidait de ne pas poursuivre M. Robert Denoël, cette attitude risquerait de constituer un précédent dont l'édition française tout entière pourrait subir le contrecoup ».

Le 3 mars l'affaire est à nouveau soumise au secrétaire général à l'Information, Paul Marion, qui, le 17 mars, donne son accord « à ce qu'une plainte soit déposée, par ses soins, contre ce personnage » [sic]. L'affaire suit son cours au sein des différents ministères concernés avant que le 29 mai, le directeur des Affaires criminelles au ministère de la Justice transmette à la direction des Affaires extérieures la réponse du Procureur de la République et celle du Procureur Général. L'un et l'autre estiment que la plainte risque d'être inopérante en raison de l'intervention prévisible des autorités allemandes, puisque l'un des signataires du contrat en cause est allemand.

Le 9 juillet le ministre des Finances, Pierre Cathala, écrit au Garde des Sceaux que renoncer à déposer plainte contre Denoël constituerait un précédent fâcheux pour l'Edition. Mais le 20 août le ministre de la Justice, Joseph Barthélémy, lui répond formellement que le chef du Gouvernement, Pierre Laval, a décidé de ne pas poursuivre.

Le 3 novembre Denoël se rend au ministère des Finances et demande que la transaction soit officiellement autorisée. On lui répond que si aucune poursuite n'a été engagée, la plainte n'a pas été retirée : il convient d'attendre de nouvelles instructions...

En juin 1943 Denoël qui, quatre mois plus tôt, a procédé à une augmentation du capital de sa société avec l'aide de Wilhelm Andermann [voir l'acte ci-dessous], se dit prêt à rompre avec lui pour que la plainte soit retirée. La Direction des Finances extérieures lui fait savoir que l'éditeur allemand doit lui rétrocéder ses parts - mais Andermann n'entend pas se laisser faire et il demande l'appui de la Propaganda Abteilung pour régler une affaire qui traîne décidément depuis trop longtemps.

Son directeur, Eduard Wintermayer, fait savoir, le 24 septembre, que les autorités allemandes exigent que cette plainte soit retirée, et qu'il ne saurait être question d'écarter Wilhelm Andermann. Il laisse néanmoins entendre qu'il ne s'oppose pas « à ce qu'une amende soit mise à la charge de M. Denoël ».

Le 27 septembre le ministre des Finances avise Wintermayer que la cession de parts est acceptée moyennant une amende à fixer - à charge de Robert Denoël, bien entendu. Celui-ci est reçu au ministère deux jours plus tard et se dit d'accord avec la décision. Une transaction intervient alors : Denoël devra payer une amende de 100 000 F ; il devra rembourser immédiatement Andermann de la moitié du prêt consenti en 1941, soit un million de francs ; enfin il devra rembourser le solde dans les deux ans, dont la moitié en 1944.

Le 19 octobre le ministre des Finances donne son accord sur cette transaction. Le 24 novembre l'amende de cent mille francs est payée. Le 2 décembre Denoël fait parvenir à Andermann, par l'intermédiaire de l'Office des Changes, la moitié du prêt augmenté des intérêts, soit 1 165 000 francs.

Le rapport du Gruppe Schriftum de la Propaganda pour 1943 précise que « Les Editions Denoël ont eu des difficultés en ce qui concerne la reconnaissance de la participation allemande (Zeitgeschichte Verlag, Berlin). On a pu obtenir du ministère des Finances français que ces difficultés soient écartées, si bien que la participation du capital allemand à cette maison d'édition est reconnue sur le plan légal également du côté français. »

Au terme de deux années de palabres ministérielles, Robert Denoël a enfin obtenu l'accord officiel des autorités françaises, grâce à un coup de pouce décisif de l'Occupant, mais en payant pour tout le monde.

*

Le 22 février 1943 l'éditeur a procédé à une augmentation du capital de sa société qui, depuis le 1er octobre 1932, était de 365 000 francs.

Ce capital est augmenté de 1 135 000 francs par la création de 3 270 parts de 500 francs chacune, pour être porté à 1 150 000francs. Cette augmentation est souscrite comme suit :

* 575 000 F pour 1 150 parts par Robert Denoël

* 560 000 F pour 1 120 parts par Wilhelm Andermann.

Ensemble, 1 135 000 francs pour 2 270 parts entièrement libérées. Ces sommes ont été compensées pour leur intégralité, à la signature des présentes et, à due concurrence, avec les sommes dont Robert Denoël et Wilhelm Andermann étaient créanciers de la société.

En conséquence, l’article 5 des statuts est modifié comme suit, à dater de ce jour : « Le capital est fixé à 1 500 000 francs et divisé en 3 000 parts de 500 F chacune entièrement libérées. »

Répartition des parts :

* M. Robert Denoël est possesseur et titulaire de 1 515 parts

* M. Wilhelm Andermann est possesseur et titulaire de 1 480 parts

* M. Pierre Denoël est possesseur et titulaire de 2 parts

* M. Bernard Doreau est possesseur et titulaire de 3 parts

[Acte passé devant Me L. Lafarge, 35 rue de Rome, Paris, et enregistré le 23 février 1943 au greffe du Tribunal de commerce de la Seine sous la cote n° 1833 ; Robert Denoël y signe trois fois dont deux par procuration pour Pierre Denoël et Max Dorian]

*

Le 18 août 1944 Robert Denoël quitte son domicile et se réfugie pendant une quinzaine de jours chez des amis qui lui ont aménagé une chambre, rue Favart, avant de gagner un pied-à-terre loué, dès le 1er avril, au nom de Jeanne Loviton, 39 boulevard des Capucines, au-dessus au Théâtre des Capucines.

Le 19 août les Editions Denoël sont mises sous séquestre par l’administration des Domaines puisque près de la moitié des parts sociales de la société appartiennent à un éditeur allemand et, à ce titre, sont considérées comme bien ennemi. Le 30 août Robert Denoël est officiellement suspendu de ses fonctions, rue Amélie.

A partir de septembre, plusieurs éditeurs sont arrêtés, dont Bernard Grasset, Fernand Sorlot et Gilbert Baudinière. Gaston Gallimard, lui, organise un dîner rue Chabanais où sont conviés écrivains et éditeurs qui lui viendront en aide devant les comités d'épuration. Dans son Journal depuis la Libération Jean Galtier-Boissière écrit, le 6 septembre : « Gallimard est un gros malin. Il ne sera pas arrêté comme Grasset car, lui, jouait habilement sur les deux tableaux. Pas fou, le vieux ! [...] Le " percheron qui se pique à la morphine ", comme l'appelait Cocteau, est un as du double jeu. »

Le 20 octobre Maximilien Vox est nommé administrateur provisoire des Editions Denoël par le ministre socialiste de la Production Industrielle, Robert Lacoste :

« Cette administration m’a été confiée au choix, avec les Editions Grasset, mais en réalité j’ai préféré m’occuper des Editions Denoël, que je considérais plus simples au point de vue société. [...] Cette situation ne pouvait constituer pour moi qu’une position d’attente, la prévoyant de l’ordre de six à huit mois. Mon intention n’a jamais été de m’immiscer dans les Editions Denoël. », dira Vox à la police, le 8 octobre 1946.

Cette déclaration venait à la suite d'une lettre envoyée le 21 mai 1946 au juge Gollety par Me Armand Rozelaar, l'avocat de Cécile Denoël : « M. Maximilien Monod, dit Maximilien Vox, homme extrêmement habile, se proposa pour le [Denoël] remplacer provisoirement à la Société des Editions Denoël. »

Dans ses mémoires inédits (1974), Vox a découvert les « dessous » de sa nomination, rue Amélie : « Je pouvais malaisément esquiver la besogne qui me fut quasiment imposée - de me laisser instituer administrateur provisoire de la firme en litige, rue Amélie. L’ordre venait de Gabriel Le Roy Ladurie en personne, auquel je devais tant de reconnaissance : d’autant plus impératif qu’il se trouvait détenu - à cette date - dans la prison de Fresnes. Il tenait par-dessus tout à savoir en bonnes mains les intérêts (légitimes) d’une personne de son entourage - qui se trouvait être la meilleure et plus chère amie de Robert Denoël ». On trouvera à la page consacrée à Maximilien Vox les raisons de sa reconnaissance envers Gabriel Le Roy Ladurie.

Vox prend ses nouvelles fonctions début novembre 1944 ; le salaire qui lui est alloué est celui que s’était attribué Robert Denoël, soit 100 000 francs par mois. Dès le 27 novembre, il nomme son ami Raymond Pouvreau, 53 ans, secrétaire général des Editions Denoël. Dans ses mémoires, il raconte qu’il fit son entrée rue Amélie dans une atmosphère très particulière, « atmosphère d’autant plus infumable que nous avions trouvé, Raymond et moi, une maison passée à l’aspirateur : plus d’argent, plus de stocks de papier, plus de bouquins - partant plus de commandes ! »

On ne sait pas trop ce qui s'est passé dans les maisons d'édition mises à l'index au cours de ces trois derniers mois. Vox, dans ses mémoires, ajoute que le jour de son entrée rue Amélie, il avait trouvé « Pierre Abraham en uniforme qui venait, dans l’antichambre de la direction, de fouler aux pieds une photo de Céline - à quoi j’aurais jugé de mauvais goût de toucher... »

Pierre Abraham, né Bloch [1892-1974], était le frère de Jean-Richard Bloch, et il fut longtemps lié à la revue Europe, que Denoël diffusa en 1939. Ami du couple Aragon-Triolet et de Pierre Seghers, il fut, durant l'Occupation, libraire à Avignon. On suppose qu'il avait, à la Libération, trouvé un uniforme à sa taille. Mais si ce nouvel épurateur pouvait impunément piétiner une photo de Céline rue Amélie, c'est qu'il avait eu aussi accès aux différents compartiments de l'entreprise. Est-ce que, entre le 18 août et le début du mois de novembre 1944, la maison Denoël a été « visitée » par des épurateurs, comme elle l’avait été en juin 1940 par les Allemands ?

Auguste Picq, directeur commercial chez Denoël depuis le 3 juillet 1944, déclarera à un inspecteur de la police judiciaire chargé de réquisitionner des ouvrages, rue Amélie, le 19 février 1946, que, « peu de temps après la Libération », il avait déjà reçu la visite de leurs collègues « qui lui avaient intimé l'ordre de retirer de la vente et de détruire les œuvres de Céline », ce qu'il dit avoir fait. Il ne date malheureusement pas la visite de ces inquisiteurs.

Pour ma part j'ai connu, au cours des années 1970-1980, un vieux libraire de livres d'occasion, rue Saint-Sulpice, qui assurait avoir constitué son stock d'éditions originales à cette époque. Sa recette était simple : il lui suffisait d'ajouter 10 % aux prix proposés par les bouquinistes des bords de Seine pour emporter le marché. Car c'est bien dans ces « boites à quais » que finissaient la plupart des volumes dus à des auteurs ostracisés.

Qu'on ne se méprenne pas à propos de ces livres dits « d'occasion » : quand Jean Galtier-Boissière écrit dans son Journal, le 15 février 1945 : « « Résultat des récentes interdictions de vente : aucun libraire n'a renvoyé aux éditeurs un seul des volumes interdits, de même qu'aucun libraire n'avait retourné les ouvrages inscrits sur les fameuses listes Otto. Mais, sur les quais, les Céline se vendent maintenant 400 francs pièce et Les Décombres de Rebatet 1 500 francs, de même qu'il y a un an Autant en emporte le vent, les livres anglais, russes et juifs interdits faisaient prime sur le marché du livre. », il répercute exactement le marché du livre neuf « ostracisé » mais mis en vente à prix réduit (ou décuplé, pour certains) sur les quais de la Seine.

Il n'y a pas d'archives concernant ces pratiques commerciales, qui n'ont profité ni aux éditeurs, ni aux écrivains. Elles ont d'ailleurs toujours cours mais, au moins, elles ne sont plus imposées par des directives d'état.

*

Les Editions Denoël ne reprennent vie qu'en décembre 1944, en annonçant dans L'Humanité la réédition d'un roman d'Aragon (Les Beaux Quartiers) et un ouvrage de Maximilien Gauthier : Le Corbusier ou l’Architecture au service de l’homme, les deux premiers volumes qui vont paraître « sous la direction de Maximilien Vox ».

Quand Vox écrit : « plus d’argent, plus de stocks de papier, plus de bouquins », il décrit très bien la situation des Editions Denoël à la Libération. Les auteurs-vedettes de la maison sont en fuite, leurs livres ont été saisis ou pilonnés, et rien ne subsiste de l'ancienne maison où une douzaine de personnes gèrent les affaires courantes.

Pour exercer son mandat d’administrateur, Vox a besoin de se faire expliquer le fonctionnement de la société : « Au début de ma gestion, à ma demande, j’ai rencontré M. Denoël à mes bureaux personnels, 76 rue Bonaparte, afin qu’il me donne des renseignements et des éclaircissements sur la gestion de son affaire ».

Il doit aussi pouvoir bénéficier de crédits bancaires, sans lesquels aucun éditeur ne peut subsister. Jeanne Loviton a proposé la Banque Worms, à laquelle elle a recours pour Les Cours de droit et les Editions Domat-Montchrestien. Cette banque avait à sa tête, depuis 1939, Gabriel Le Roy Ladurie, l'un de ses amis, sorti de prison le 9 janvier, après un séjour de quelques mois à Fresnes : « le sphinx, l'augure, l'éminence grise de la Banque Worms, grand gaillard au masque sombre, mais d'humeur intrigante [...] est le chef ténébreux mais véritable de la bande », écrivait Henri du Moulin de Labarthète, le 25 mai 1944. Et c'est ce même homme d'influence qui avait fait nommer Vox chez Denoël.

Début février 1945, Robert Denoël et Jeanne Loviton se rendent chez le conseiller juridique Jean Streichenberger, rue Saint-Lazarre, en compagnie de Maximilien Vox, Raymont Pouvreau, et les représentants de la banque Worms et des Domaines.

 

[en cours de rédaction]

 

 

 


Cession de parts Robert Denoël - Jeanne Loviton 

25 octobre 1945

 

Entre les soussignés :

1°  M. Robert Denoël, demeurant à Paris, 19, rue Amélie, d’une part

2°  Mme Jeanne Loviton, éditeur, demeurant à Paris, 11 rue de l’Assomption,


agissant au nom et en qualité de gérant de la Société dénommée « Les Editions Domat-Montchrestien », société à responsabilité limitée au capital de 400.200 francs dont le siège est à Paris, 160 rue Saint-Jacques, d’autre part

Il a été convenu et arrêté ce qui suit :

M. Denoël a, par les présentes, cédé sous les garanties ordinaires et de droit à la Société « Les Editions Domat-Montchrestien », ce qui est accepté pour ladite société par M. [sic] Loviton, ès-qualité

mille cinq cent quinze parts de cinq cents francs chacune de la Société à responsabilité limitée « Les Editions Denoël » lui appartenant, sans indication de numéros.

Ladite société constituée au capital de 300.000 francs avec siège à Parprix [sic], 19, rue Amélie, aux termes d’un acte sous signatures privées en date à Paris du 10 avril 1930, enregistré à Paris (1er S.S.P.) le 11 avril 1930 n° 324 aux droitq [sic] de 9022 frs 50 pour une durée de 99 années à compter du 1er avril 1930.

Etant fait observer que le capital a été porté à 1.500.000 frs divisé en 3.000 actions de 500 francs chacune aux termes d’un acte sous signatures privées en date à Paris du 22 février 1943 enregistré à Paris (1er S.S.P.) le 3 mars 1943, n° 48.

Lesdites parts appartiennent à M. Denoël tant pour avoir été souscrites par lui en espèces aux termes des statuts sus-énoncés que pour lui provenir de l’augmentation de capital en espèces également sus-énoncée.

Au moyen de cette cession la Société « Les Editions Domat-Montchrestien » sera propriétaire des parts cédées à compter de ce jour et elle aura droit aux bénéfices y afférents à compter également de ce jour.

    En conséquence M. Denoël met et subroge la Société « Les Editions Domat-Montchrestien » dans tous ses droits et actions contre la Société « Les Editions Denoël » à concurrence du montant des parts cédées.

La présente cession est consentie et acceptée moyennent la raison de 500 francs par part le prix principal de 757.500 francs que M. Loviton [sic], ès-qualité avec des fonds appartenant à la Société « Les Editions Domat-Monchrestien » a payé comptant à M. Denoël qui le reconnaît et lui en donne bonne et valable quittance.

Pour l’exécution des présentes, domicile est élu par M. Denoël en sa demeure et pour la Société « Les Editions Domat-Montchrestien » à son siège social.

Mention des présentes est consentie partout où besoin les présentes pour les faire signifier et pour remplir toutes formalités de publications et autres.

Fait en quintuple exemplaire dont un pour l’enregistrement, à Paris le 25 octobre 1945.

Bon pour cession de 1515 parts

Robert Denoël

Bon pour achat de 1515 parts

Pour la Société Domat-Montchrestien


    Leur gérante

J. Loviton

[ Acte enregistré n° 7575 le 8 décembre 1945 ; document déposé par Jeanne Loviton au greffe du tribunal de Paris le 2 décembre 1946 ]

 

Compte rendu de la réunion des associés - 21 janvier 1946

 

Les associés se sont réunis au siège social, 19, rue Amélie, sur convocation des Editions Domat-Montchrestien, porteur de 1 515 parts de la société, en accord avec l’Administration des Domaines séquestre des biens de M. Andermann, porteur de 1 480 parts de la société.


    Etaient présents :


    Mme J. Loviton, représentant les Editions Domat Montchrestien, porteur de 1 515 parts représentant 757 500 francs.


    M. Boyer, contrôleur principal de l’Enregistrement représentant l’Administration des Domaines, séquestre des biens Andermann, porteur de 1 480 parts représentant 740 000 francs.


    M. Bernard Doreau dit Max Dorian, porteur de 3 parts représentant 1 500 francs.


    M. Pierre Denoël, porteur de 2 parts, n’a pu être touché par suite de défaut de connaissance de son adresse exacte actuelle.

L’ordre du jour figurant sur les convocations envoyées aux associés est le suivant :

1°  Examen de la situation générale de l’affaire.


    2°  Examen de la situation juridique au regard de l’administration provisoire.


    3°  Questions diverses.

 

1°  L’examen de la situation générale est reporté à l’assemblée qui statuera sur l’approbation des comptes présentés par l’administrateur provisoire.

2°  M. Bernard Doreau fait part de son étonnement de figurer dans l’acte de cession de parts à Andermann dont il vient d’avoir connaissance et par lequel il n’a jamais été consulté, et déclare réserver son droit de préemption sur lesdites parts ainsi qu’il est prévu aux statuts antérieurs dont il a connaissance.


    M. Denoël a, par une lettre du 15 février 1945, sollicité l’agrément de l’Administration des Domaines pour une éventuelle cession de ses parts. L’administration n’ayant pas usé de son droit de préemption, M. Denoël a réalisé la cession de ses parts au profit des Editions Domat-Montchrestien ; signification en a été faite à la société sans qu’aucune opposition ait été formulée.


    En conséquence, la cession est acceptée et les Editions Domat-Montchrestien admises comme nouveaux associés.

3°  Les associés décident de nommer gérante de la société Mme Jeanne Loviton, connue sous le nom de Jean Voilier, nom sous lequel elle pourra signer les pièces émanant de la société.

4°  Les associés fixent le traitement du gérant à la somme de 20 000 francs par mois payable à terme échu et pour la première fois le 1er février 1946.

5°  Les associés décident de demander la levée de l’administrateur provisoire dont l’utilité ne se fait plus sentir.

6°  Les associés décident que la prochaine assemblée qui statuera sur les comptes de l’administrateur provisoire se tiendra le 18 février 1946 à 15 heures au siège social.

[ Acte passé devant Me Rodriguez, 7 rue St Philippe du Roule, Paris, et enregistré le 8 juillet 1949 au greffe du Tribunal de commerce de la Seine, cote n° 12029 ]

 

Nomination d'un gérant de la société - 23 janvier 1946

 

Les associés réunis au siège social ont décidé de nommer gérante de la société, pour une durée de un an, Mme Jeanne Loviton, demeurant à Paris (16e) 11 rue de l’Assomption.

[ Acte signé par J. Loviton et enregistré le 26 janvier 1946 au greffe du Tribunal de commerce de la Seine, cote n° 1537 ]

 

Nomination d'un gérant de la société - 27 janvier 1947

 

Les associés réunis au siège social ont nommé par 2 995 voix contre 3 voix et 2 abstentions, Mme Jeanne Loviton dite Jean Voilier, gérante de la société pour toute la durée de cette dernière.

[ Acte signé par J. Voilier et enregistré au greffe du Tribunal de commerce de la Seine ]


Acte de cession de parts Mireille Fellous - Société Zed

1er octobre 1951

Entre les soussignés :


1°  Mlle Mireille Fellous, demeurant à Paris, rue Galilée n° 56, cédant d’une part,


2°  Et la Société des Publications Zed, s.a. au capital de 10 402 500 F, représentée par M. Michel Gallimard, son p.d.g. domicilié au siège de la société à Paris, 3 rue de Grenelle, cessionnaire d’autre part,

Il a été arrêté et convenu ce qui suit :

Mlle Mireille Fellous cède et transfère par les présentes à la s.a. des Publications Zed, qui accepte, les 6 parts de 500 F lui appartenant dans la société des Editions Denoël.

Prix : La présente cession est consentie et acceptée moyennant le prix de 1 000 F par part, soit 6 000 francs, que le cessionnaire a payé comptant au cédant, qui le reconnaît et lui en consent bonne et valable quittance, sans réserve.

[ Acte signé par Mireille Fellous et Michel Gallimard, et enregistré le 14 novembre 1951 au greffe du Tribunal de commerce de la Seine, cote n° 13881 A ]


Acte de cession de parts Georges Séguy - Société Zed 

1er octobre 1951

 

Entre les soussignés :


1°  M. Georges Séguy, demeurant à Paris 5e, 1 boulevard Saint-Germain, cédant d’une part,


2°  Et la Société des Publications Zed, s.a. au capital de 10 402 500 F, représentée par M. Michel Gallimard, son p.d.g. domicilié au siège de la société à Paris, 3 rue de Grenelle, cessionnaire d’autre part,

Il a été arrêté et convenu ce qui suit :

M. Georges Séguy cède et transfère par les présentes à la s.a. des Publications Zed, qui accepte, les 4 parts de 500 F lui appartenant dans la société des Editions Denoël.

Prix : La présente cession est consentie et acceptée moyennant le prix de 1 000 F par part, soit 4 000 francs, que le cessionnaire a payé comptant au cédant, qui le reconnaît et lui en consent bonne et valable quittance, sans réserve.

[ Acte signé par Georges Séguy et Michel Gallimard, et enregistré le [date illisible] au greffe du Tribunal de commerce de la Seine, cote n° 13882 A ]


Acte de cession de parts Domat-Montchrestien  -  Société Zed 

15 octobre 1951


Entre les soussignés :


1°  La s.a.r.l. « Les Editions Domat Montchrestien » au capital de 5 000 000 F dont le siège est à Paris 5e, rue Saint-Jacques n° 160, représentée par sa gérante, Mme Jean Voilier, cédant d’une part,


2°  Et la Société des Publications Zed, s.a. au capital de 10 402 500 F, représentée par M. Michel Gallimard, son p.d.g. domicilié au siège de la société à Paris, 3 rue de Grenelle, cessionnaire d’autre part,

Il a été arrêté et convenu ce qui suit :

Mme Jean Voilier, ès-qualité, cède et transfère par les présentes à la s.a. des Publications Zed, qui accepte, 2 656 parts de 500 F lui appartenant dans la société des Editions Denoël.

Prix : La présente cession est consentie et acceptée moyennant le prix de 1 000 F par part, soit 2 656 000 francs, que le cessionnaire a payé comptant au cédant, qui le reconnaît et lui en consent bonne et valable quittance, sans réserve.

 

[ Acte signé par Jean Voilier et Michel Gallimard, et enregistré le 3 novembre 1951 au greffe du Tribunal de commerce de la Seine, cote n° 14338 A ]


Acte de cession de parts Domat-Montchrestien - Jacques Lang

10 février 1952

 

Entre les soussignés :


1°  La s.a.r.l. « Les Editions Domat Montchrestien » au capital de 5 000 000 F dont le siège est à Paris 5e, rue Saint-Jacques n° 160, représentée par sa gérante, Mme Jean Voilier, cédant d’une part,


2°  M. Jacques Lang, industriel, demeurant à Paris, boulevard Malesherbes n° 88, cessionnaire d’autre part,

Il a été arrêté et convenu ce qui suit :

Mme Jean Voilier, ès-qualité, cède et transfère par les présentes à M. Jacques Lang, qui accepte, 250 parts de 500 F lui appartenant dans la société des Editions Denoël.

Prix : La présente cession est consentie et acceptée moyennant le prix de 1 000 F par part, soit 250 000 francs, que le cessionnaire a payé comptant au cédant, qui le reconnaît et lui en consent bonne et valable quittance, sans réserve.

[ Acte signé par Jean Voilier et Jacques Lang, et enregistré le 29 février 1952 au greffe du Tribunal de commerce de la Seine, cote n° A 3599 ]


Acte de cession de parts Domat-Montchrestien - Henry Lozé

10 février 1952

 

Entre les soussignés :


1°  La s.a.r.l. « Les Editions Domat Montchrestien » au capital de 5 000 000 F dont le siège est à Paris 5e, rue Saint-Jacques n° 160, représentée par sa gérante, Mme Jean Voilier, cédant d’une part,


2°  M. Charles Henry Lozé, industriel, demeurant à Paris XVIe, rue Davioud n° 7, cessionnaire d’autre part,

Il a été arrêté et convenu ce qui suit :

Mme Jean Voilier, ès-qualité, cède et transfère par les présentes à M. Jacques Lang, qui accepte, 84 parts de 500 F lui appartenant dans la société des Editions Denoël.

Prix : La présente cession est consentie et acceptée moyennant le prix de 1 000 F par part, soit 84 000 francs, que le cessionnaire a payé comptant au cédant, qui le reconnaît et lui en consent bonne et valable quittance, sans réserve.

 

[ Acte signé par Jean Voilier et Henri Lozé, et enregistré le 5 mars 1952 au greffe du Tribunal de commerce de la Seine, cote n° 3528 ]