Robert Denoël, éditeur

Philippe Marette

 

Docteur en médecine et psychanalyste, né le 14 mars 1913 à Paris (XVIème), demeurait 11 rue de Bellechasse. Frère de la psychanalyste Françoise Dolto, née Marette [1908-1988], et du politicien Jacques Marette [1924-1984]. En 1933 il était en analyse chez le docteur René Laforgue. Décédé le 15 juillet 1993.

Dans sa déposition du 8 octobre 1946, Maurice Percheron avait déclaré qu’au mois de mars 1945, Denoël avait sollicité auprès de son confrère Marette un prêt de « 200 à 250 000 francs », mais celui-ci « n’ayant pu le satisfaire dans le délai demandé », il s’était finalement adressé à Percheron.

Philippe Marette est entendu par le commissaire Pinault le 14 octobre 1946 :

« J’ai connu Denoël en tant qu’éditeur de journaux et de livres de médecine. J’ai fait sa connaissance en 1935 ou 1936. Les Denoël sont par la suite devenus mes amis. J’étais reçu chez eux et je les recevais chez moi. J’ai toujours connu Denoël comme ayant des difficultés de trésorerie.

Après la Libération, au début de 1945, il est venu déjeuner à la maison. Au cours de la conversation il m’a déclaré qu’il avait besoin d’une somme de 200.000 frs pour la bonne marche des Editions de la Tour. Il me demandait de lui prêter cette somme mais je lui ai demandé en garantie des actions de cette société. Il m’a déclaré que c’était d’accord et qu’il m’en reparlerait.

J’ai été mis ensuite au courant par le Dr Percheron que cette affaire avait été réalisée avec lui, c’est-à-dire qu’il devenait réellement propriétaire des parts que Denoël lui avait remis fictivement dans la Société des Editions de la Tour.

Je ne connais absolument rien des circonstances du meurtre. D’après Denoël, que j’avais eu l’occasion de rencontrer trois jours avant, sa conviction était qu’il pensait reprendre la direction de ses affaires après avoir passé devant la Commission d’épuration interprofessionnelle. Il n’était pas question pour lui de reprendre la vie commune avec sa femme. Je n’ai fait connaissance de Mme Loviton qu’après le meurtre, bien que Denoël ait voulu me la présenter auparavant. Cette occasion ne s’était pas présentée. »

Le docteur Marette n’est donc pas un créancier, mais il a failli l’être. Il sert surtout de caution à son confrère Percheron, qui prétend que Denoël lui a emprunté 200 000 francs, ce qui justifie les parts qu’il détient dans la Société des Editions de la Tour.

Dans son rapport du 15 novembre 1946, l’inspecteur Ducourthial écrit : « En somme, le témoignage du Docteur Marette ne nous apporte pas la preuve que M. Denoël avait remis réellement au Docteur Percheron les parts fictives qu’il possédait dans les Editions de la Tour, comme contrepartie d’une somme de 200 000 francs que celui-ci lui aurait avancée en mars 1945.

Il indique seulement que M. Denoël, ayant besoin d’argent au début de l’année 1945, avait fait des propositions semblables à une autre personne qu’au Docteur Percheron ; ce qui détermine néanmoins qu’il a pu agir de la sorte puisqu’il n’avait pas repoussé la proposition du Docteur Marette. »

Il ajoute qu’il a rendu visite à un M. Devillers, demeurant 23 rue Blanche à Paris (IXe), employé de Bourse, «signalé par M. Bruyneel père comme ayant été mis en relation avec M. Denoël par l’intermédiaire de M. Marette, et avec lequel il aurait été susceptible d’avoir des relations financières ».

Sa démarche n’a donné aucun résultat : « M. Devillers a fait connaître qu’il avait connu Mme Denoël au début de l’année 1945, pour le compte de laquelle il avait effectué quelques opérations financières, mais qu’il n’avait jamais rencontré M. Denoël, qu’il ne connaissait pas. Il a ajouté qu’il avait cessé toute relation avec Mme Denoël vers le mois de juillet 1945, à la suite d’une longue maladie et que depuis il ne l’avait pas revue. »