Robert Denoël, éditeur

Philippe Foucard de Cotte

 

Ingénieur, né le 5 mai 1903 à Fretin (Nord). En 1946, il demeurait 18 avenue Franklin Roosevelt à Paris. Il est mort à Paris XVIe le 22 septembre 1998.

Sa femme, Souky de Cotte, née en 1905, a publié deux ouvrages historiques, le premier en 1938 chez Albin Michel : La Reine vierge, vie privée d'Élizabeth d'Angleterre, le second chez Denoël en 1946 : Madame des Ursins, roi d'Espagne.

Ami depuis 1938 ou 1939 de Robert Denoël qu’il rencontrait fréquemment, notamment au restaurant. Il ne connaissait pas Cécile Denoël. L’éditeur lui avait parlé souvent de Jeanne Loviton « avec laquelle il avait l’intention de refaire sa vie » ; en octobre 1945, il l’a reçue chez lui : « Le divorce de Denoël était en cours, et elle a été présentée à ma femme comme la fiancée de M. Denoël. Au cours de cette présentation, il m’a dit que " Notre union est déjà pratiquement consacrée, puisque les sociétés Domat et Denoël ne font plus qu’une seule et même affaire ".

Il m’avait d’ailleurs dit qu’une cession de parts des Editions Denoël était intervenue au profit de Mme Loviton. Il m’avait également mis au courant de la marche des Editions de la Tour, auxquelles il consacrait toute son activité. C’est en parlant de ces Editions que je lui ai offert spontanément de lui prêter une somme d’argent de l’ordre de 100 ou de 200 000 francs, pour lui rendre service ».

Il lui a remis un chèque « sur le compte de ma femme, Mme Souky de Cotte, du montant de 200 000 francs. Ce chèque n° 445933 a été tiré sur la Banque Transatlantique, 17 Bd Haussmann à Paris, compte n° 483, le 19 novembre 1945. Je vous représente à toutes fins utiles le talon du dit chèque. J’ai appris à la banque que le chèque avait été encaissé par M. Denoël lui-même, le 21 novembre.

Il était bien convenu avec Denoël que dès les premières rentrées de fonds aux Editions de la Tour, au début de décembre, je serais remboursé de cette somme. A ce jour, toutefois, je n’ai pas encore été remboursé. »

A la différence de certains créanciers de l’éditeur, qui n’ont été entendus qu’au cours de la troisième enquête de police, en 1950, Philippe Foucard fut interrogé, dès le 23 octobre 1946, par le commissaire Pinault.

C’est Jeanne Loviton qui, dans sa déposition du 10 octobre 1946, l’avait désigné à la police : « Je dois encore ajouter le nom de M. Foucard de Cotte dans la liste des créanciers de Denoël. Ce Monsieur demeure Avenue Victor Emmanuel III. D’après ce que je crois savoir, il a prêté une somme importante dans le courant de novembre 1945. »

Philippe Foucard déclare qu'il n'a pas été remboursé de son prêt. Pourtant son nom [« Philippe 200 000 frs »] figure bien dans l'agenda à la date du 1er décembre, et dans la colonne « sorties ».

Contrairement à d'autres créanciers qui ont avancé à Denoël des sommes parfois importantes remboursables à trois ou quatre mois, celui-ci peut compter sur son argent deux semaines plus tard.

Philippe Foucard et sa femme paraissent avoir rendu d’autres services à Denoël puisque c’est eux qui, en janvier 1944, alors qu’ils habitaient Bruxelles, recommandèrent Dominique Rolin, enceinte, à l’un de leurs amis médecins, qui accepta de procéder à son avortement. Service intime dont Dominique Rolin fut reconnaissante, malgré une opération bâclée, en dédicaçant, en novembre 1945, un exemplaire de l'édition illustrée des Marais « à la belle et délicieuse (pas charmante) Madame Souky Foucquart de Cotte. Avec toute mon amitié ».