Imprimé par Bellenand en décembre 1935 [21 x 14, 16 pages] ce catalogue ne comporte pas de couverture et il propose un choix de 39 titres.
Pourquoi ceux-là ? Denoël et Steele en ont publié bien davantage, dont un essai politique de Jacques Bainville (Les Dictateurs, en octobre) qui constituera l'une des meilleures ventes de l'année : il n'est pas annoncé.
Début décembre ont paru les quatre premiers fascicules d'une nouvelle collection : « Célébrités d'hier et d'aujourd'hui » : elle n'y figure pas.
Parmi les romans Pierruche au soleil et La Part du feu avaient bénéficié d'une très bonne presse : les livres de Mardelle et Laporte ne sont même pas mentionnés.
Ce catalogue sélectif semble témoigner des difficultés de trésorerie qui se sont accumulées depuis le mois de mai : commandite imprudente des « Cenci », mévente du Document dont le nombre de pages a été ramené de 96 à 32 pages, abandon d'un projet de belle envergure : une édition de grand luxe de Voyage au bout de la nuit avec des illustrations de Gen Paul.
« Nous ne publions plus guère, l’heure ne semble pas être au livre » écrit Denoël à Champigny, le 17 juin.
Sur le plan familial Denoël éprouve maintes déconvenues, la santé de sa femme n'est pas bonne, et elle doit subir une opération pénible en juin.
Son associé paraît renâcler à d'autres investissements car la crise du livre s'annonce durable : « Le métier d’éditeur devient ardu. Il ne s’agit plus seulement de trouver de bons livres et de les vendre : il faut en outre se les faire payer. C’est là que se manifeste le génie ! » écrit-il à Champigny, le 10 août.
« Un jour j’écrirai la complainte des échéances difficiles », lui écrit-il encore, le mois suivant, et en octobre : « Je ne peux quitter Paris cette année. Tout est trop grave. Je suis un peu comme Charlot dans " La Ruée vers l’or ". La cabane est sur la crête, je m’y déplace avec terreur et chaque mouvement risque de me précipiter dans le gouffre. »
Au moment où s'imprime ce catalogue, les prix de fin d'année n'ont pas encore été décernés. Denoël et Steele en récolteront trois : le prix Renaudot, le prix Femina, le prix Interallié.