Robert Denoël, éditeur

 

« Des livres et des albums pour l'enfance » 1931

Imprimé en vue des fêtes de fin d'année par l'Imprimerie Bellenand, ce dépliant de 8 pages [21 x 14] décrit et commente les quatre premiers volumes de la « Bibliothèque Merveilleuse » publiés en septembre 1931 et quatre albums de Pecqueriaux parus entre septembre 1930 et octobre 1931.


L'attrait de Robert Denoël pour les livres d'enfants est constant mais j'ignore d'où il lui vient car il n'a rendu compte d'aucune publication enfantine dans la presse belge au cours des années vingt.

En février 1930, alors qu'il était libraire avenue de La Bourdonnais, il avait publié un volume de Chansons de salles de garde illustré par Marcel Prangey, un artiste qui dessinait pour des revues comme Le Rire ou Ric et Rac et qui faisait partie de la Société des dessinateurs humoristes : ce n'était pas précisément un illustrateur pour les enfants mais il ne donnait pas dans le dessin graveleux.

En juillet 1930 il a publié un Code de la route humoristique illustré par Henri Paul Pecqueriaux, qui a recueilli un beau succès (c'est « un des rares livres qui se vendent en ce moment », écrit-il, le mois suivant).


Trois mois plus tard Denoël lance une collection d'albums pour enfants illustrés par le même Pecqueriaux. L'entreprise est vouée à l'échec car, dans le domaine du livre destiné à la jeunesse, c'est Hachette qui fait la pluie et le beau temps en tant que concessionnaire des bibliothèques de gares et des tabacs-journaux, et Denoël refuse de lui céder la distribution de ses publications.


Les albums de Pecqueriaux seront donc snobés par la presse inféodée au Trust Vert, comme le seront, l'année suivante, les jolis volumes de la « Bibliothèque Merveilleuse ».


Denoël a commis là un faux-pas commercial dans un domaine très particulier où il persistera jusqu'en 1933, allant jusqu'à proposer à Céline, son auteur à succès, de s'associer au lancement d'un magazine pour enfants.


En juillet 1932 Denoël imagine un concours littéraire à l'intention des enfants de moins de treize ans, doté d'un prix de 2 000 francs. Autour de ce projet cocasse ou incongru, il a tout de même rallié dix écrivains connus comme Marie Bonaparte, Marcelle Tinayre, Lucie Delarue-Mardrus, Simone Ratel, André Maurois, Edmond Jaloux, Jean Fayard, et quelques autres. La presse littéraire s'esclaffe ou s'indigne pendant six mois : c'est ce que voulait le jeune éditeur, qui n'a rien cherché d'autre que la publicité, mais elle a un peu écorné sa crédibilité.


En 1933 il créera encore la collection pour enfants « La Clef des champs », avant de jeter le gant. Dix ans plus tard, il proposera à nouveau des brochures pour la jeunesse dans une collection dirigée par René Barjavel : « La Fleur de France », et, en 1945, une série de volumes destinés aux adolescents publiés aux Editions de la Tour.


Rien, dans les lettres que j'ai consultées, n'indique le moindre attachement de Robert Denoël pour l'enfance : au contraire même, car il déteste la sienne, qui fut malheureuse. Il est tout à la littérature, et c'est souvent une littérature de combat. Certes il fut un père exemplaire mais d'où lui venait ce goût pour le livre d'enfant ? Cela reste un mystère.

 

           

             

 

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Annonces dans la presse

 

Europe,  15 janvier 1931   Comoedia,  24 avril 1931   Europe,  15 octobre 1931   Comoedia,  23 octobre 1931   Le Matin,  6 décembre 1931

Les deux annonces parues dans Europe seront honorées : les huit titres annoncés en janvier paraîtront au cours de ce premier trimestre, avec quelques jours de retard pour l'album de Verneuil.

Les neuf titres annoncés en octobre verront le jour dans le délai annoncé, à l'exception du volume de Chautard, imprimé en Belgique, et de celui consacré aux Romanciers allemands, qui a pris trois mois de retard.

Tous les titres annoncés dans l'article du Matin seront publiés au début de l'année suivante, à l'exception du volume de Léon-Paul Fargue, repoussé on ne sait pourquoi jusqu'en 1935, avant de disparaître des projets de l'éditeur.

 

 Mercure de France,  1er juin 1931    Mercure de France,  15 juillet 1931   Ric et Rac,  31 octobre 1931   Europe,  15 novembre 1931   La Revue Hebdomadaire,  décembre 1931

 

L'annonce du 1er juin ne se répétera pas car les deux ouvrages parus en février et avril dans l'éphémère collection « Profondeurs de l'homme » seront incorporés à la « Bibliothèque Psychanalytique » dont les premiers volumes furent publiés en octobre.

Parmi des « quatre succès » annoncés dans le Mercure de France du 15 juillet, deux titres parus en février et mai en obtiendront réellement : Handji, qui révélera Robert Poulet, et L'Innocent qui sera couronné en décembre par le prix Renaudot.

L'annonce parue en décembre dans la Revue Hebdomadaire signale quatre titres publiés en septembre en vue des fêtes de fin d'année dans une nouvelle collection, La Bibliothèque Merveilleuse : ce sont des livres d'étrennes.

 

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Lettre de l'éditeur

 

Cette lettre adressée au quotidien Comoedia par Denoël qui réclame une critique libre et impartiale pour les ouvrages publiés par sa firme est aussi un rappel de leurs titres et l'annonce de nouveaux romans à paraître :

Comoedia,  17 septembre 1931