Robert Denoël, éditeur

Auguste Picq

 

Le comptable des Editions Denoël a servi de prête-nom à Robert Denoël dans la Société des Nouvelles Editions Françaises, mais il n’a jamais déclaré lui avoir prêté le moindre argent.

Dans le mémoire qu’elle adresse, le 15 mai 1950, au procureur général Besson, Jeanne Loviton l’affirme pourtant :

« L’instruction à laquelle il a été procédé par M. Caujolle, expert commis par la Cour, a, d’ores et déjà, établi que M. Robert Denoël se trouvait, de la Libération à sa mort, dans une situation d’impécuniosité qui était de notoriété publique.

Il passait son temps à emprunter, non seulement à ses amis, mais même au personnel de la Société des Editions Denoël.

Un témoin, ex-comptable de la Société Denoël, cité par Mme Vve Denoël, a dû reconnaître que, peu de temps avant sa mort, M. Robert Denoël lui avait emprunté une somme de frs. 50 000 qui, bien entendu, ne lui a jamais été remboursée.

Un autre, Directeur littéraire des Editions Denoël, a produit le reçu d’un prêt de 25 000 frs qu’il avait consenti à M. Robert Denoël ».

Cet « ex-comptable » ne peut être qu’Auguste Picq, licencié le 12 janvier 1948. Je n'ai pas trouvé mention de ce prêt de 50 000 francs dans ses déclarations à la police, mais peut-être s’agit-il d’une déclaration qu’il a faite en 1950 lors d’une confrontation dont je n’ai pas reçu copie.


    Guy Tosi, lui, ne s’était pas fait prier pour déclarer, dès le 18 octobre 1946, le prêt de 25 000 francs qu’il avait consenti à l’éditeur, le 5 mai 1945. Mais il était cité comme témoin par Jeanne Loviton.

On notera encore avec quelle élégance Jeanne Loviton qui, en février 1948, jouait encore « les fiancées inconsolables » dans ses lettres à Louis-Ferdinand Céline, qualifie l'activité commerciale de son amant assassiné cinq ans plus tôt : « Il passait son temps à emprunter ».