Robert Denoël, éditeur

André Brulé

 

André Brulé, né le 3 mai 1900 à Paris (Ier arr.), habitait 9 rue de la Gare à Fontenay-aux-Roses ; il était directeur de l’imprimerie parisienne « Les Impressions Modernes », devenue « S.L.I.M. » en 1945.

Brulé déclare que Denoël était son client depuis 1936 et qu’il est rapidement devenu un ami.

En 1945, c’est lui qui est chargé d’imprimer les brochures patriotiques « La Guerre des hommes libres » et une édition de demi-luxe aux Editions de la Tour.

Le 10 août 1945, Denoël lui écrit : « Je joins ci-inclus un texte de La Guerre des Hommes libres destiné à la 4e série. [...] du tirage du Tueur de daims [...] Bruyneel vous enverra un chèque de frs : 60.000 environ le 15 août [...] 150.000 sur les trois tonnes de papier nécessaires au tirage du Tueur ».

Le 14 août, il écrit à Morys : « Voir Brulé

a) Lui apporter le chèque Hachette qui représente ce qu’on lui doit. Si la somme n’est pas exacte, verser ce chèque à Worms et tirer sur cette banque le chèque exact

b) J’ai remis avant mon départ à Brulé, les deux tiers des épreuves du Tueur de daims corrigées et le dernier tiers bon à composer [...]

c) Lui demander la mise en page des quatre brochures Guerre des hommes libres »

Le 21 août, au même : « Brulé m’a envoyé la fin du " Tueur " que je lui retourne bon à mettre en pages. La mise en pages devrait être terminée pour mon retour.

Je lui ai également retourné le bon à tirer des deux derniers fascicules « Hommes libres ». Il faudrait voir chez Hachette combien ils veulent que l’on tire. S’ils étaient preneurs de 50 au lieu de 40, on pourrait peut-être l’obtenir de Brulé. »

Dans sa déposition du 10 octobre 1946, Jeanne Loviton le cite parmi cinq autres créanciers, et André Brulé est interrogé par le commissaire Pinault le 18 octobre 1946 :

« En août 1945, soit à la fin du mois, soit au début de septembre, M. Denoël m’a déclaré qu’il allait avoir un urgent besoin d’argent, pour la bonne marche des Editions de la Tour. Il m’a demandé de lui avaliser une traite de 100 000 francs au 30 novembre, ce que j’ai fait ; en contrepartie, il m’a remis une traite de même valeur et à échéance identique.

Au moment du meurtre de M. Denoël, alors que la traite était venue à échéance quelques jours plus tôt, je me suis demandé si j’allais être remboursé.

M. Bruyneel m’a confirmé téléphoniquement que le vendredi précédent [30 novembre 1945], il avait lui-même déposé les fonds pour retirer la traite. Il m’a remis la traite aux alentours du 10 décembre et ensemble, nous avons déchiré cette traite et celle que Denoël m’avait remise en contrepartie.

J’avais appris par Denoël, dans le courant du mois de novembre, qu’il avait décidé de se séparer de M. Bruyneel et qu’il l’en avait informé par lettre recommandée. Je savais qu’à la date du 30 novembre, il ne faisait plus partie du personnel des Editions de la Tour.

Toutes les tractations financières concernant les Editions de la Tour se faisaient par l’intermédiaire de la Banque Worms, rue de la Chaussée d’Antin. »

Jeanne Loviton prétend qu’il est l’un des trois créanciers, avec Henri Thibon et Robert Beckers, à avoir été remboursé par Denoël au moyen de l’argent qu’elle lui aurait remis, le 30 novembre 1945, pour l’achat de ses parts dans la Société des Editions Denoël. Son nom apparaît en effet sur la page du 30 novembre.

André Brulé a bien été remboursé mais pas avec l'argent de Jeanne Loviton : il dit clairement à la police que Morys avait, le 30 novembre, versé l'argent à la Banque Worms pour retirer la traite, et qu'il a été remboursé vers le 10 décembre par ce même Morys.