Robert Denoël, éditeur

1955

 

Le 20 octobre : Décès de l'éditeur Bernard Grasset et inhumation au cimetière du Père-Lachaise.

 

   Photo Philippe Landru

 

A ses funérailles assistaient des éditeurs : Gaston Gallimard, René Julliard, Robert Meunier du Houssoy, président d'Hachette, et des écrivains : Hervé Bazin, Maurice Genevoix, Jean Guéhenno, André Maurois, Jules Romains. Cocteau, Mauriac et Montherlant ne s'étaient pas dérangés.

Le journal Combat avait demandé à plusieurs d'entre eux de lui rendre hommage. Mauriac  écrivit : « Le drame de sa vie, c'est qu'il se voulait écrivain, ce qui est impossible pour un éditeur », et Gaston Gallimard : « J'aimais Bernard Grasset pour ses défauts mêmes. Car ils venaient de la passion. Ce fut le plus grand éditeur après Alfred Vallette. »

Henry Muller, son collaborateur, proposa une épitaphe : « Je souhaite que sur la dalle sous laquelle il va reposer on inscrive ces trois mots qui ont été la fierté de sa vie : Bernard Grasset, éditeur. » C'était une belle proposition. Elle ne fut pas retenue. Sur la pierre fut gravé : « Bernard Grasset / 1881-1955 ».

Robert Denoël se serait certainement contenté d'une telle épitaphe s'il avait eu le privilège d'en avoir une, au lieu de quoi il fut hébergé anonymement durant près de trente ans dans un caveau provisoire du cimetière de Montparnasse, avant d'être transféré, le 3 juillet 1973, dans une fosse commune du cimetière de Thiais, où on lui attribua le numéro 4327.

Cette fosse a été supprimée quinze ans plus tard : Denoël n'a ni tombe, ni épitaphe, ni numéro. Il a tout simplement disparu.