Robert Denoël, éditeur

21 heures 30

Dans sa déposition du 3 décembre 1945, Jeanne Loviton déclare : « J’ai donc voulu voir immédiatement ce qui s’était passé et je me suis fait conduire par le taxi qui avait été mis à ma disposition, jusqu’à l’angle de la rue de Grenelle et du boulevard des Invalides. Je suis arrivée au moment où des agents plaçaient le corps de M. Denoël à l’intérieur du car de police secours. »

Dans celle du 9 octobre 1946, elle déclare : « Le taxi arriva aussitôt. Je lui criai d’aller immédiatement à l’endroit où j’avais quitté Robert Denoël. Lorsque j’avais quitté Robert pour me rendre au poste de police, j’avais intérieurement décidé non pas d’aller directement au théâtre mais de revenir près de la voiture pour prier le chauffeur de réparer à la place de Robert Denoël, ou tout au moins de l’aider. Je suis arrivée sur les lieux pour voir la civière monter dans le car de police ».

Le registre du poste de police de la rue de Grenelle porte l’inscription : « le 2 Décembre 1945, 21 heures 30, demande de taxi par Mme Loviton, taxi accordé : 2738 RK 2, chauffeur : Desprez ».

Le chauffeur de taxi, Eugène Desprez, qui ne sera interrogé que le 23 janvier 1950, déclare : « Cette dame attendait devant le poste de la rue de Grenelle. Elle m’a demandé de la conduire rue de la Gaîté mais de l’arrêter à l’angle de la rue de Grenelle et du boulevard des Invalides. J’ai remarqué que cette dame paraissait très nerveuse et se retournait tout le temps pour regarder par la vitre arrière. Son attitude m’avait semblé assez louche. Quand nous sommes arrivés boulevard des Invalides elle est descendue, paraissant complètement affolée, de mon taxi. »

Comme il y avait contestation quant à l’adresse donnée au chauffeur de taxi, Cécile Denoël a interrogé Jeanne Loviton dans le cabinet du juge Gollety, le 25 mars 1950 :

La partie civile : A-t-il fallu attendre encore longtemps le taxi ?

Le témoin : Non, il est arrivé presqu’aussitôt.

La partie civile : Quelle adresse le témoin a-t-il donnée au taxi ?

Le témoin : Au coin du boulevard des Invalides et de la rue de Grenelle.

La partie civile : Le témoin n’a-t-il pas dit au chauffeur de le conduire rue de la Gaîté mais de s’arrêter auparavant au coin de l’avenue des Invalides et de la rue de Grenelle ?

Le témoin : Probablement