Robert Denoël, éditeur

 

Un agenda « Hermès »

 

L'examen de cet agenda dans lequel Robert Denoël notait tous ses rendez-vous et la plupart des opérations commerciales qu'il a effectuées à partir du 1er octobre 1945 et jusqu'à la veille de sa mort, avait sa place ici.

Cette page est restée vide depuis deux ans et certains lecteurs attentifs n'ont pas manqué de m'en demander la raison. Mon site n'étant pas un blog, il n'était pas question d'y provoquer des polémiques. Mais une explication s'imposait.

L'agenda de Robert Denoël a constitué une pièce essentielle dans les procès qui ont opposé Cécile Denoël et Jeanne Loviton. Me Armand Rozelaar l'avait fait photographier, avant de le confier au juge Ferdinand Gollety. L'original se trouve donc parmi les milliers de scellés qui encombrent les caves du palais de Justice de Paris.

Albert Morys, le second mari de Cécile Denoël, me confia en 1979 ce microfilm que je fis développer, et qui comportait, outre le répertoire téléphonique, tous les feuillets du dernier trimestre de l'année 1945.

Ce document unique fut déposé en 1982, avec toutes mes archives, à la B.L.F.C. [Bibliothèque de Littérature Française Contemporaine], dirigée par Jean-Pierre-Dauphin et Pascal Fouché, dont les locaux se trouvaient à l’Université de Paris VII, place Jussieu.

Par la suite la B.L.F.C. a été absorbée par l’I.M.E.C., l’Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine créé en 1988, dont les archives se trouvent à Paris IXe, rue Bleue, et, depuis 2005, à l’abbaye d’Ardenne, près de Caen.

Pendant vingt ans, mes archives Denoël, dont j’avais voulu qu’elles fussent accessibles à tous les chercheurs, n’ont été communiquées qu’à quelques « sympathisants », ce qui est contraire à la vocation de cette institution.

A qui avaient-elles servi ? A Pascal Fouché et Jean-Pierre Dauphin pour leur Bibliographie des écrits de Louis-Ferdinand Céline [1985]. A Pierre-Edmond Robert pour son mince essai sur Céline et les Editions Denoël [1991]. A Pascale Froment pour la préparation de sa biographie autorisée de Robert Denoël [1999 - ?]

Le statut « fantôme » de ces archives me fut révélé par une étudiante française qui, en 1998, voulait consacrer son mémoire de fin d'études aux Editions Denoël, et qui n'eut accès à l'IMEC qu'aux volumes publiés par Denoël réunis par l'honorable institution : d'archives, il ne fut point question.

Plusieurs protestations de ma part n'aboutirent à rien : Olivier Corpet, directeur de l'IMEC, ne répondit à aucun de mes courriers. Pascal Fouché, qui détenait effectivement mes archives, parla de « flou existant sur leur statut juridique », pour justifier son refus de les communiquer. Jean-Pierre Dauphin, qui était le véritable donataire de mes documents, préféra, selon son habitude, se calfeutrer dans le silence.

André Derval, nouveau conservateur du fonds Denoël à l'IMEC, et faux-nez de Pascal Fouché, fit beaucoup mieux. Comme je lui demandais, en août 2003, de me procurer une photocopie du calepin de Robert Denoël dont j'avais, à la suite d'une inondation, perdu la copie qui se trouvait chez moi, il me fit des réponses évasives jusqu'en août 2005, avant de m'apprendre que l'ayant-droit de Robert Denoël avait accordé « une exclusivité de recherche portant sur tous les documents de la main de Robert Denoël à un travail de biographie en cours », ce qui le dispensait de me rendre ce service. J'ai relancé cet employé servile en décembre 2014, sans succès.

La notion d'exclusivité de recherche n'est pas définie par le code mais, généralement, les Archives publiques ou privées ne l'accordent que durant le temps de la recherche et de la publication concernée, si elle ne dépasse pas cinq ans.

La biographe qui a obtenu le privilège de monopoliser - autrement dit, d'interdire l'accès aux archives de Robert Denoël à l'IMEC durant ses propres recherches - s'appelle Pascale Froment et son ukase date de 2005 au moins.

De quoi écrire tranquillement une biographie qui paraîtra peut-être en 2015, pour commémorer l'assassinat d'un homme qu'elle n'aura ni aimé, ni compris, pas plus que Pascal Fouché, qui lui a accordé ces passe-droits.