Robert Denoël, éditeur

 

1968

 

Juillet

 

Le 15 : Décès à Madrid d'Alain Laubreaux. Né à Nouméa le 9 octobre 1899, et venu en France en 1921, il avait publié sa première nouvelle en 1926 dans la collection des « Œuvres libres » de Fayard : Histoire canaque, puis quelques petits romans chez Albin Michel, avant de proposer L'Amateur de cuisine aux éditeurs débutants Denoël et Steele, qui l'éditèrent avec quelque succès puisqu'une version anglaise parut la même année à Londres sous le titre The happy Glutton.

 

             

                                                                                                     Alain Laubreaux en 1941

Il écrivit les dialogues de « Boulot, aviateur », un film de Maurice de Canonge (1937) tiré d'un roman qu'il avait publié en collaboration avec Georges de La Fouchardière. Abandonnant définitivement le registre comique, et ajoutant désormais une lettre à son prénom [jusque là, ses publications portaient : Alin Laubreaux, ce qui était conforme à son acte de naissance], il devient, à partir du 31 octobre 1936, critique dramatique à Je suis partout.

Lorsque Denoël publie, en 1939, La Terreur rose, un recueil d'articles parus à l'époque du Front Populaire, préfacé par Pierre Gaxotte, Laubreaux n'a pas encore acquis sa réputation sulfureuse.

Chroniqueur dramatique et politique à Je suis partout, au Cri du peuple et au Petit Parisien durant toute l'Occupation, Laubreaux devient un critique redouté, ce qui lui vaudra quelques gifles de Jean Marais en 1941 et de Robert Desnos en 1942, avec, peut-être, des conséquences graves pour l'un d'eux.

Ayant fui la France en août 1944, il rejoindra l'enclave française de Sigmaringen, avant de passer en Espagne. Le 5 mai 1947, il avait été condamné à mort par contumace par la Cour de justice de la Seine. Il est, dit-on, mort misérablement, affligé de la maladie de Parkinson.

 

Octobre

 

Le 9 : Décès de Jean Paulhan, directeur de la NRF et éminence grise des Editions Gallimard, où il était entré en 1920. Né à Nîmes le 2 décembre 1884, fils de philosophe, il avait lui-même fait des études de philosophie.

A la mort de Jacques Rivière en 1925, il devint le rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Française, puis son gérant à partir de 1936. Co-fondateur avec Jacques Decour des Lettres Françaises en 1941, et des Editions de Minuit en 1942, il conserva néanmoins, durant toute l'Occupation, son bureau rue Sébastien-Bottin, en face de celui de Drieu la Rochelle.

Il reçut en 1945 le grand prix de Littérature de l'Académie Française pour l'ensemble de son œuvre, et fut élu dans cette même académie le 24 janvier 1963.