Robert Denoël, éditeur

M. Le Guerne

Concierge du ministère du Travail. Ce n’est pas lui qui assurait les fonctions de gardien de nuit, le 2 décembre 1945, mais il était présent dans sa loge.

Interrogé en janvier 1950 par l’inspecteur Voges, il a déclaré :

« Vers 21 heures 15, Mr Ré m’a fait connaître qu’un attentat venait d’être commis à l’angle de la rue de Grenelle et du boulevard des Invalides.

Il m’a dit l’avoir appris par deux membres du Cabinet qui étaient sortis du ministère et revenus quelques minutes après. Je ne sais pourquoi mais, sans doute, pour annoncer ce qui venait de se produire. »


  Le témoin ne se souvient plus du nom de ces deux messieurs. Et il ajoute : « la porte d’entrée du ministère est toujours fermée le dimanche et l’ouverture est manoeuvrée par un bouton électrique. Lorsque quelqu’un sonne, on ouvre la porte et on le laisse pénétrer s’il est connu.

On peut ouvrir la porte de l’intérieur du ministère sans appuyer sur le bouton, mais seuls les gardiens de nuit, le maître d’hôtel et moi-même, connaissons comment il faut procéder : il faut tirer une vis et pousser en même temps sur la porte. »

M. Le Guerne est, avec André Ré et Gustave Pavard, l'un des témoins les plus proches de l'endroit de l'attentat, mais des murs épais le séparent du boulevard des Invalides.

Il n'empêche que, dès 21 heures 15, il a été prévenu de l'attentat par André Ré, et qu'il a retenu que deux membres du ministère en étaient sortis puis y étaient rentrés, après avoir sonné. Il est exclu que l'un d'eux ait fait pénétrer l'autre sans prévenir le gardien puisque le moyen mécanique pour ouvrir la porte de l'intérieur n'est connu que du personnel.