Robert Denoël, éditeur

 

Les catalogues de l'éditeur

 

A Ségolène Beauchamp

 

Le premier catalogue retrouvé des Editions Denoël et Steele date de 1934, ce qui n'est pas anormal pour une maison qui a publié ses premiers livres en mai 1930.

La Bibliothèque Nationale en conserve six pour la période 1934-1945. C'est peu car Denoël en mentionne d'autres dans sa correspondance. En attendant d'en découvrir de nouveaux, je propose ici ceux qui sont disponibles et qui jalonnent sa carrière.

Dans les intervalles ou avant 1934 ont paru plusieurs feuillets et dépliants publicitaires, qu'on peut considérer comme des fragments de catalogues, ainsi d'ailleurs que les annonces publicitaires collectives dans la presse. Les annonces individuelles sont reproduites ailleurs à la suite des ouvrages qu'elles accompagnent.

Outre leur valeur bibliographique, ces documents restituent les commentaires de l'éditeur, qui ne laissait à personne d'autre le soin de décrire les ouvrages qu'il publiait.

Le catalogue qui assied définitivement les Editions Denoël est celui de l'hiver 1937 et ce n'est pas un hasard : Robert Denoël est, depuis le début de l'année, l'unique propriétaire de sa maison d'édition et il a enfin les coudées franches, mais les capitaux ont disparu avec Bernard Steele, son commanditaire américain, sa société est déficitaire, et il a dû accepter la tutelle des Messageries Hachette.

D'autres éditeurs tard venus ont mis la clef sous la porte pour moins que ça. Son tempérament le porte au contraire à relancer l'entreprise : « Quant à diminuer mon activité, il n’y faut pas songer : ce serait mourir sur place. Je dois, bien au contraire, la développer », écrit-il à Champigny, le 31 juillet 1937. Il convenait donc de valoriser les ouvrages qu'il avait publiés depuis sept ans : ses commentaires, au fil du rasoir, sont un modèle du genre.

La maison d'édition poursuit son déclin jusqu'en 1941, avant qu'un commanditaire allemand lui apporte les capitaux qui lui faisaient défaut, mais non le papier dont tous les éditeurs vont cruellement manquer durant l'Occupation. Les quelques catalogues retrouvés sont de modestes feuilles dactylographiées. J'y ai joint les titres interdits par les Allemands sur leur Liste Otto de septembre 1940.

Le seul catalogue imprimé avec quelque recherche date de 1947 et c'est un catalogue de soldes. Jeanne Loviton, l'héritière controversée de l'éditeur, a décidé d'assainir les finances de la société et elle brade le fonds des Editions Denoël au tiers de son prix de vente.