Robert Denoël, éditeur

1989

 

Janvier

 

Le 24 : Décès de Maurice Bruyneel dit Albert Morys à Antibes et inhumation au cimetière de Mandelieu - La Napoule. Comédien né à Paris IXe le 24 mai 1915, il s'était lié d'amitié avec le couple Denoël en avril 1936, et ne l'avait plus quitté jusqu'à la mort de l'éditeur, dont il épousa la veuve.

Albert Morys, fidèle au camping, à Moustiers Sainte Marie vers 1985 (photo Claude Roty-Colard)

Son acte de décès mentionne : « Marié à Paris VIIe le 10 Janvier 1951 avec Cécile Henriette Emilie Brusson [...] Mariage dissous par jugement de divorce rendu le 6 décembre 1960 [...] Marié à Mandelieu (Alpes Maritimes) le 11 août 1961 avec Cécile Henriette Emilie Brusson ».

Dans son livre de souvenirs, « Cécile ou Une vie tout simple », Morys a expliqué cette curiosité : « pour pouvoir céder à ma femme un fonds de commerce qui était à mon nom, il nous fallut divorcer car cela ne se pouvait faire entre époux. Depuis, la loi a simplifié les choses. Mais durant les trois cent et quelques jours de notre divorce - délai minimum légal pour se remarier même avec son épouse - nous avons été réellement très malheureux bien que nous ne nous soyons pas quittés un instant. C'est ainsi que nous nous sommes mariés deux fois ».

 

Février

 

Parution de Comment j'ai connu et lancé Louis-Ferdinand Céline par Robert Denoël aux Editions Van Bagaden, douzième texte de la collection de luxe « Céliniana ». L'éditeur a suivi la leçon du manuscrit faisant partie de la collection Cécile Denoël, et non celle des journaux où le texte a paru, remanié, en 1941.

 

Mars

 

Le Bulletin célinien, mensuel bruxellois créé et dirigé depuis 1981 par Marc Laudelout, consacre son numéro 79 à Robert Denoël.

Paru à l'occasion de la sortie de son 12e « Céliniana », l'éditeur y publie une interview de Denoël parue en novembre 1942 dans l'hebdomadaire Voilà, une interview de Victor Moremans parue le 6 mars 1973 dans le quotidien liégeois La Meuse, un texte de Denoël paru dans le Cahier Jaune [ « Louis-Ferdinand Céline, le contemporain capital » ], et une chronologie biographique établie par Henri Thyssens.

 

    

 

Octobre

 

Le 6 : Robert Poulet succombe, à l'âge de 97 ans, à une insuffisance cardiaque dans son appartement de Marly-le-Roi. Trois semaines plus tard, sa femme se donne la mort.

Germaine et Robert Poulet en 1983

Entre 1931 et 1944, Robert Denoël lui avait édité six ouvrages dont l'essentiel de son œuvre romanesque. Par la suite l'écrivain publia encore une demi-douzaine de titres aux Editions Denoël bien qu'il n'eût plus guère d'illusions sur les qualités de la maison, devenue un

« commerce tranquille, banal et solide, où il ne restait rien de l'esprit audacieux qui l'avait conçue. Rien, sauf le nom. La maison, naguère minuscule et poussiéreuse, élève largement et hautement sa façade. Il en sort beaucoup de livres, qui ne sont pas ceux que son fondateur eût choisis. Et les auteurs auxquels il tenait le plus sont partis, happés par l'Ennemi triomphant. La quantité a remplacé la qualité, sous le regard impersonnel d'Amélie. Mais le tiroir-caisse tinte plus souvent qu'en 1930, et c'est un bruit qui aurait enchanté l'agile Robert. Un éditeur qui aimait l'argent. Mais pas plus que la littérature. » [Ecrits de Paris, juin 1979].

Pour ce qui est de sa ville natale, où il ne revint jamais, l'opinion de l'écrivain n'avait plus varié depuis 1945 :

Histoire de l'être, 1973

 

Novembre

 

Lambert Grailet, cousin de Cécile Brusson et neveu de Henri Herd dit Constant-le-Marin, dépose à la bibliothèque Ulysse Capitaine, à Liège, un mémoire inédit de son cousin Fernand Houbiers consacrés à l'épopée des A.C.M. [autos-canons-mitrailleuses] sur le front de Galicie en 1915-1918.

Fernand Houbiers [24 décembre 1897 - 16 juillet 1990] participa, à seize ans, à cette bataille peu connue en compagnie de son oncle Henri Herd [1884-1965], et des frères Oscar et Marcel Thiry.