Robert Denoël, éditeur

 

1988

 

Juin

 

Le 6 : Décès de Marcel Sauvage à Nice. Né à Paris le 26 octobre 1895, poète, journaliste, membre du jury Renaudot, critique aux Nouvelles Littéraires, il avait publié quatre ouvrages chez Denoël entre 1932 et 1938, mais l'un de ses deux titres de gloire fut de recueillir, durant vingt ans [1927-1949], les mémoires de Joséphine Baker. L'autre fut de témoigner en faveur de Pierre Pucheu [1899-1944] : ancien camarade de lycée du ministre déchu, il prit courageusement sa défense lors de son procès.

        

En juillet 1980 il m'avait envoyé un petit texte curieux à propos de son éditeur, qu'il avait connu dès 1926 à la galerie Champigny :

« J’ai connu Robert Denoël comme vendeur dans une galerie de tableaux, c’est-à-dire bien avant qu’il soit éditeur et nous sommes devenus amis presque aussitôt. Je l’ai, plus tard, beaucoup fréquenté quand, associé avec André [sic] Steele, il est devenu mon éditeur.

C’était un homme jeune, très doux, distingué, d’allure sportive. En tant que journaliste mêlé à la littérature, je me suis permis de lui donner des conseils, notamment pour le Voyage au bout de la nuit de L.F. Céline, qu’il hésitait à publier parce que les plus grands éditeurs avaient refusé le manuscrit. J’ai pu obtenir de faire attribuer à ce livre le Prix Théophraste Renaudot (dont je suis aujourd’hui le doyen du jury) et qui eut un grand succès.

Robert Denoël a su choisir de très bons manuscrits pour sa maison d’édition. Puis, hélas ! la guerre est venue et je dois, à ce propos, certifier qu’il hébergea, entre autres, André Breton [sic pour Louis Aragon] - lequel n’hésita pas, plus tard, à le dénoncer en l’accusant, à tort, de collaboration. »