Robert Denoël, éditeur

1971

 

Mars

 

Le 10 : Décès accidentel de Jean Follain à Paris. Né à Canisy, près de Saint-Lô, le 29 août 1903, il avait confié à Denoël l'impression en 1937 d'un recueil de poèmes : Chants terrestres. La Librairie des Trois Magots lui avait consacré en décembre 1933 son premier numéro de L'Année poétique.

  

 

Octobre

 

Le 10 : Décès de Philippe Hériat à Paris. Issu d'une famille de magistrats et de fonctionnaires, Raymond Payelle était né le 15 septembre 1898 dans la même ville. Après la Grande Guerre, où il s'était engagé à dix-huit ans, il devint assistant de plusieurs metteurs en scène, fut acteur de cinéma puis de théâtre.

En 1931 Robert Denoël publia son premier roman qui obtint le prix Renaudot, et les quatre suivants jusqu'à 1936, après quoi il passa chez Gallimard : « Dans l’état où elle [la maison Denoël] se trouvait alors, Steele s’étant retiré de l’affaire, elle ne me fournissait pas l’appui matériel prévu à notre contrat. Gaston Gallimard m’ayant fait signe à plusieurs reprises dans les années trente, j’étais entré chez lui en 1937. » [Retour sur mes pas, p. 58]. Son nouvel éditeur obtint pour Les Enfants gâtés le prix Goncourt 1939. Philippe Hériat fut élu à l'Académie Goncourt en 1949.

Dans le même livre de souvenirs il a tracé un portrait mitigé de celui qui l'avait lancé à ses débuts : « Robert Denoël, qui devait disparaître treize ans plus tard dans des circonstances dramatiques et encore à ce jour si obscures, était alors un vigoureux et beau garçon d’une intelligence vive et d’une forte puissance de travail.

Frais débarqué de sa Belgique natale, le cheveu dru et lustré, le visage sculpté, le rire fréquent, la dent solide, il prétendait conquérir Paris et en " avaler " les plus grands éditeurs. Beau programme. Mais un certain désordre dans les idées, une conception assez fausse de la réussite, jointe à une méconnaissance toute provinciale de ce qu’est réellement Paris, et encore le refus obstiné de consentir qu’aucun collaborateur prît auprès de lui des initiatives ou de l’importance, enfin un manque de caractère qu’il ne devait que trop prouver sous l’occupation, tout cela l’empêcha de réaliser ses ambitions et de remplir son destin.

Je ne saurais cependant m’arrêter sur son nom sans saluer sa mémoire, dans ce qu’il fut à cette époque et dans ce que je lui dois. » [Op. cit., p. 38].