Robert Denoël, éditeur

 

 

1964

 

Septembre

 

Le 17 : Décès à Gand de Jean Ray. Né Raymond de Kremer dans cette même ville le 8 juillet 1887, il avait publié ses premiers récits fantastiques en 1925. Durant la guerre il fit partie, avec Evelyne Pollet, des Auteurs Associés, maison d'édition bruxelloise où furent publiés plusieurs de ses œuvres dont Malpertuis [1943].

    

C'est ce volume qu'envoya Evelyne Pollet à Denoël, le 19 juillet 1943, en recommandant chaleureusement son auteur : « Il y a parmi les Auteurs Associés, un écrivain étonnant, qui connaît la grande vogue à Bruxelles ; c’est Jean Ray, auteur de contes d’épouvante. Il est inadmissible que cet homme, qui a déjà 52 ans, ne soit connu qu’en Belgique. »

C'était ce qu'il ne fallait pas écrire. Outre la prévention qu'avait Robert Denoël contre la littérature belge, il n'aimait pas découvrir tardivement un auteur d'âge mûr qui avait publié ailleurs : « Si l’auteur de Malpertuis avait 25 ans, je dirais voilà, sans doute, une graine de grand écrivain. Vous m’annoncez qu’il en a 52, me voilà tout refroidi. » répondait-il dix jours plus tard à la romancière.

D'autre part il connaissait déjà ce roman, « écrit à la diable, et sans grand souci de composition », et sa critique était précise : « ll y a, dans ce curieux volume, une idée de poète, une idée magnifique qui aurait pu prêter à des développements grandioses. L’auteur se laisse aller à une verve un peu facile, un peu vulgaire même, et ne tire pas de ses dons de visionnaire le parti qu’il pourrait en tirer. [...] Je crains que Jean Ray ne sorte pas de l’amateurisme. »

Il promettait bien de réfléchir à son cas et de lui en reparler, mais il ne le fit pas. Ce n'est qu'en 1955 que le Belge Robert Kanters [Saint-Gilles 13 octobre 1910 - Paris 16 octobre 1985] réédita Malpertuis dans la collection « Présence du futur » qu'il dirigeait chez Denoël.

 

Le 27 : Décès à Iteuil de Jules Marouzeau, professeur de philologie latine à la Sorbonne. Auteur d'une dizaine d'ouvrages de linguistique réputés, il avait confié en 1937 à Robert Denoël son seul ouvrage littéraire personnel : Une enfance, récit tout en finesse de ses années d'enfance passées à Fleurat, où il était né le 20 mars 1878.

 

L'ouvrage fut maintes fois réédité : en 1938 par Denoël dans une édition revue et augmentée, en 1946 par les Editions Bourrelier, avec des illustrations de Myriam de Monneron, en 1977 par les Editions Magnard.