Robert Denoël, éditeur

1906

 

Le 19 septembre à 23 heures, naissance de Cécile, Henriette, Emilie Brusson au domicile de sa mère, Elvire Herd, 28, rue Porte-aux-Oies, à Liège.

Les registres de population liégeois indiquent que la petite fille fut reconnue trois jours plus tard par son père biologique, Walthère Brusson, qui déclara sa naissance au bureau de l’Etat-Civil. Sa mère la reconnut le 4 juillet 1908 : cette reconnaissance officielle tardive a été nécessitée par un « voyage pour sa profession de lutteuse » entrepris le 5 août suivant par Elvire, en compagnie de sa petite fille.

 

Cécile est une enfant naturelle dont la mère, Elvire Herd, était née le 31 mai 1886 à Liège, sur la rive droite de la Meuse : il importe de le préciser. Simenon revendiquera toujours son appartenance à cet « Outre-Meuse » qui est le quartier des artisans, notamment celui des tanneurs.

L’historien des rues de Liège, Théodore Gobert, écrivait en 1928 à propos de Porte-aux-Oies : « Depuis des siècles, cette rue recèle une population besogneuse dans sa presque totalité. A côté des mendiants, très nombreux, on y rencontre beaucoup d’ouvriers drapiers, des tisseurs, des tanneurs, etc. »

 

La rue Porte-aux-Oies avant 1914 (collections du Musée de la Vie Wallonne, Liège)

 

Quant au père, Walthère Brusson, qui habitait le même quartier, les registres de l’état-civil liégeois précisent qu'il était « garçon-boucher », puis « fripier ». Le patronyme est devenu rare : à l'heure actuelle on compte encore neuf Brusson en Belgique dont quatre en région liégeoise.

Elvire appartenait à une famille haute en couleurs puisque deux de ses frères étaient lutteurs : elle-même était, dit-on, « capable de porter douze hommes, et non des moindres, en une pyramide humaine dont elle était la base et le soutien ». Les Herd non plus n'ont guère faire souche : on en trouve douze en Belgique aujourd'hui, et aucun en région liégeoise.

    

Henri Herd dit Contant-le-Marin [1884-1965] - Cécile Brusson et sa mère en 1910

La légende veut que cette femme sculpturale d'un mètre 85 ait servi de modèle au sculpteur Sturbelle en vue de la réalisation, en 1905, d'un monument dédié à Charles Rogier qui se trouve dans le parc d'Avroy à Liège.

 

Le monument dédié en 1905 à Charles Rogier à Liège